Tom. V - Archive ouverte UNIGE

661 ACTES DB RATISBONNE. 662
avoir esté enseigné d'iceulz. Nous embrassons et
maintenons tel consentement: et iamais nous n'en
départirons.
Contarein sçait bien quelles sont les maladies
de l'Eglise. Combien grande est la polution es
Messes? Combien grande est la faulte en l'invocation
des sainctz? Combien grande est la tache
et macule au Célibat Romain? Combien grande est
l'ignorance entre le peuple, qui n'est point bien instruict
de penitence, des benefices de Christ, de la
foy ou fiance, qui receoit le pardon à cause de
Christ? Il voit bien que non seulement les Monastères,
mais aussi que les livres des nouveaux
Canons sont pleins de superstitions. Il voit la théologie
dés Moynes toute meslée et discordante en
plusieurs lieux avec la vieille. Nous confessons
bien qu'en ces abuz icy nous n'accordons pas avec
la multitude: et encores nous ne pensons pas que
luy mesme les approuve. Or ce n'est point se départir
du consentement de l'Eglise catholicque. Parquoy
qu'il cesse de nous mettre ce crime sus.
Et quant à ce qu'il adiouste en ceste page,
qu'il ne désespère point que accord ne se face: qu'il
- sçache que nous ne recevrons iamais les erreurs
que nous taxons: et ceulx qu'ilz maintiennent non
seulement par decretz, mais aussi par une nouvelle
aspérité, q"ui ne convient point à l'Eglise. Car il
est tout certain, que plusieurs honnestes personnages,
et véritablement aucuns entre cèulx là excellens
en doctrine,, ont esté meurtris pour la confession
de la doctrine chrestienne. Et maintenant
qu'est ce que veult dire ce Cardinal en l'aultre
page, sinon qu'il veult confirmer ceste cruaulté?
quand il veult que les Evesques se donnent garde,
que ceste macule qui suyt toute l'Allemaigné, ne se
fourre dans leurs Dioceses, et commande qu'ilz y
mettent remède, [fol. 180] Mais quel? C'est à sçavoir
celuy duquel ilz ont accoustumer d'user, comme
de fouetter, de couper langues et testes, brusleries,
tueries. Ces remèdes ne sont pas accoustumez à
l'Eglise, et ne sont pas fort propres pour ceste nation.
D'avantage, qui ne doivent pas estre approuvez
d'un tel homme, qui se veult monstrer autheur
de paix et de concorde. Les Evesques pourroyent
bien retenir leur authorité, si ayans corrigé certains
abuz, ilz pourvoyoient aux consciences des gens de
bien. Nous avons souvent testifié, et iugeons ceste
estre la voye et le moyen pour parvenir à cest accord,
principalement en l'Eglise, en laquelle doit
reluire la doulceur et mansuétude des gouverneurs.
Nous avons diet cecy, de paour qu'il ne semble
que nous approuvions par nostre dissimulation
les escriptz de Contarein, et enhortons tous, qu'ilz
n'adioustent foy à telz blasmes, ains qu'ilz rapportent
nostre doctrine à l'Evangile, enseigné es
escriptz des Apostres, et aux exemples de l'Eglise
premiere. ] )
L'ADVIS DE L'EMPEREUR
FOUR ACCORDER LES DIFFERENS DE LA RELIGION,
ET COMMENCER A FAIRE QUELQUE REFORMATION,
PRÉSENTÉ AUX ELECTEURS, PRINCES ET TOUS ES-
TATZ DE L'EMPIRE, POUR EN DELIBERER. 2 )
L'Empereur, nostre souverain Sire, iouxte l'advis
et conseil des Electeurs, Princes et Estatz de
l'Empire, a communiqué au Legat du Pape toutes
choses qui ont esté traictées entre les colloquteurs, et
sur ce luy a demandé son advis, luy recommandant
soigneusement ceste cause, et reformation: à celle
fin qu'elle (comme il est fort nécessaire et souvent
demandé aux premieres assises) puisse estre bien
instituée et ordonnée. Esquelles deux choses le
Legat a respondu par deux escriptz ce qui luy
sembloit bon de faire, lesquelz maintenant l'Empereur
présente aux Estatz.
Or puis que le diet Empereur a employé en
ceste cause autant de diligence [fol. 181] qu'en luy
a esté possible, et toutesfoys il ne peult penser en
ces présentes assises qu'on puisse procéder plus oultre,
et mettre rien en effect: principalement veu ce
que le Legat du Pape a respondu selon ce qui est
contenu en ses escriptz: d'avantage, pource que
beaucoup de temps est ia passé pour ceste cause;
ia soit qu'on n'ayt rien exploicté en quelque sorte
que ce soit, que sa Maiesté ayt employé fort grand
travail et fascherie, il luy a semblé bon d'exposer
aux Estatz son advis et deliberation, qui pourra
servir pour le depart et arrest sommaire de ceste
iournée. Or iceluy est tel.
Considéré les travaux et diligence ia par long
temps en plusieurs manières employez pour accorder
les differens en la Religion, de paour que iceluy
different ne soit encores de rechef tiré en débat
et controversie, aussi pour se donner garde et destourner
les inconveniens qui en pourroyent advenir,
à celle fin aussi que par l'ayde de Dieu tout
puissant, on puisse parvenir à accord parfaict, touchant
les articles qui restent encores en different,
il semble à l'Empereur de mettre en consultation,
s'il sera bon, que sauf l'arrest d'Auguste, les ar-
1) Toutes les éditions latines ajoutent ici: Concionatores
Principum et statuum coniunctorum Augustanae Confessioni.
2) Voyez Bueer Actes latins p. 146 ss., Actes allem, f.
131 a, Melanchthon (Opp. Witt. IV. p. 683), Eck .(Apologia
Y. la), Bretschneider (Corpus Réf. IV. p. 510). Le texte
allemand reproduit dans ce dernier ouvrage est Voriginal
et plus complet que le latin. La pièce est du 12 jaillit.
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