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573 ACTES DB RATISBONNE. 574
son Nom. Mais telles peines ne se peuvent imposer
ne remettre par les clefz, [fol. 73] ne éviter
par aucunes Ceremonies ordonnées des hommes,
comme sont les satisfactions canonicques. D'avantage
telles afflictions envoyées de Dieu sont exercices
continuelz, et regardans le temps advenir, comme
diet sainct Paul (2 Cor. 4, 1C): Nostre homme extérieur
est corrompu, mais l'intérieur est renouvelle
de iour en iour. Or ceux qui requièrent les satisfactions,
entendent que ce soyent peines pour les
faultes passées. H seroit plus utile de bien imprimer
au peuple doctrine de ces choses grandes:, à
sçavoir de l'ire de Dieu contre le péché, des calamitez
de l'Eglise, du vray service que Dieu requiert
en telles calamitez pour estre honoré: et par lequel
il nous admoneste de profiter en la crainte de son
Nom, en foy, en oraisons, en prières et aultres vertus:
que de mettre devant les yeulx du peuple des
spectacles de satisfaction, qui ne font que obscurcir
la doctrine de la grace et du vray service de Dieu.
Car nous aussi sentons, et diligemment enseignons,
que les fruietz de penitence: c'est à dire, nouveaulté
de vie ou obéissance spirituelle, doyvent selon
le commandement de Dieu, suyvre la conversion.
Et quand sainct Paul diet (Bom. 12, 1) que
nous présentions noz corps hosties vives et sainctes;
par ce mot d'hostie, il nous admoneste de la droicte
manière de servir Dieu. Que nous soyons donc
vrayes hosties : c'est à dire nous abstenans de toute
immundicité, et portant patiemment les misères qui
nous adviendront, tant pour la confession de la vérité,
que les aultres communes: ainsi que des hosties
qu'on tuo: toutesfoys que nous soyons hosties
vives: c'est à dire vivans à perpétuité et celebrans
le Nom de Dieu, mesme au milieu de la mort. Voila
les vrays fruietz de penitence, et les vray s exercices,
pour arracher les racines de péché, comme dit S.
Augustin.
Nous adioustons aussi cepoinct, que les adversitez
d'un chascun, et de toute l'Eglise, sont adoulcies
par penitence et bonnes œuvres des fidèles,
comme il est escript en Esaie. Et sainct Paul diet:
Si nous faisions iugement de nous: Dieu ne nous
puniroit point. Mais il [fol. 74] fault entendre cela
de toute la penitence, non point des ceremonies des
satisfactions: lesquelles on diet estre de valeur, mesmes
aux iniques.
Au reste nous ne nions point cela que l'Eglise,
pour exemple ou pour discipline, ne puisse chastier
de quelque peine, ceux qui auront failly avec scandale.
Et de faict, nous observons cela en noz Eglises:
s'il est question de recevoir des Anabaptistes
ou des homicides, auxquelz le magistrat a faict grace.
Toutesfoys il n'est ia mestier de remettre en usage
les ceremonies anciennes de penitence, lesquelles sont
creues, et ont esté multipliées par faulses opinions,
et plusieurs sont fort dangereuses: comme d'interdire
à un adultère la compaignie de sa femme par longues
années.
B semble que les Evesques anciens ayent esté
plus sévères en cest endroit à cause que les magistratz
payons ne punissoyent point les paillardises,
et aultres dissolutions. Mais il fault admonester
les Magistratz, de punir les faultes manifestes.
Ceste sévérité sera plus profitable aux meurs que
les satisfactions canoniques, et y a tousiours dangier
de mesler l'office de la puissance politicque avec le
ministère de l'Evangile. Le ministre enseigne de
la vraye penitence du cœur, il console les consciences
espou vantées, il remonstre que non point pour
la recompense des peines que nous endurions, mais
pour l'amour de Christ, nous sommes délivrez
de péché et' de mort éternelle. Comme il est escript:
B a emmené la captivité captive. Item: O
mort, ie seray ta mort: ie seray ta morsure, enfer.
Et ne faujt, qu'il mette ceste fantasie en avant, que
la remission soit faicte pour quelque recompense des
peines qu'on nous imposeroit. Cependant que le
Magistrat veille diligemment et face son office, lequel
doit estre discerné du ministère spirituel et
Evangelicque. Parquoy en noz Eglises on exhorte
les Magistratz politicques de faire leur office et conserver
la discipline.
De l'unité de l'JBg'lise et de l'ordre des
Ministres. ')
[fol. 75] Comme sainct Iehan dit, que nous avons
tous receu grace de la plenitude de Christ: aussi il
y a une Eglise sanctifiée et assemblée par le Eilz
de Dieu, qui en est le chef, parfaisant toutes choses
en tous: assemblée, dis-ie, en la congnoissance
de l'Evangile: et par le sainct Esprit dés le commencement,
depuis les Peres et Prophètes, iusques
aux Apostres et aultres Sainctz, laquelle sera glorifiée
au dernier iugement.
Affin donc qu'il y ayt une seule Eglise en bon
accord, Dieu a voulu, qu'il y ayt tousiours eu un
mesme Evangile publié: au commencement par les
Peres et Prophètes: depuis par Christ et ses Apostres.
Et Christ a institué le ministère, pour durer
iusques à la fin du monde: comme il est escript:
Quand il est monté il a distribué dons aux hommes,
et a constitué les uns Apostres, les aultres Pasteurs,
les aultres Docteurs, car cela est pour conserver
l'Evangile en terre. Ainsi il a voulu que après les
1) Lettre E. Nous n'avons pas trouvé le signe correspondant
dans les notes marginales du document précédent.
Cependant la présente réplique se rapporte évidemment au paragraphe
relatif à l'Ordre hiérarchique de l'église, ci-dessus
page 545.