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645 ACTES DE RATISBONNE. 646
ment souverain du peuple par le commandement de
Dieu, il commet à son frère la charge de la Religion.
En ceste manière, il en ordonne un en son
lieu pour successeur de son office, et un aultre au
lieu de son frère en la prestrise. Et combien qu'il
en constituast un supérieur sur tout le peuple, toutesfoys
il luy commanda d'escouter les prestres et Lévites.
En ceste manière toute ame auiourdhuy doit
estre subiecte • en bien aux puissances supérieures,
lesquelles ont" le glaive. Neantmoins au contraire,
ceux qui sont pour entretenir la discipline chrestienne,
la doivent exercer en tous ceux qui veulent
estre disciples de Iesus Christ, en quelque haultesse
mondaine qu'ilz soyent. Car comme toutes choses
sont faictes de rien par la Parolle de Dieu, aussi
à bon droict toutes choses doivent obeyr a icelle
Parolle, et ne se peult faire que celuy qui croit à
Christ ne se submette voulontiers à l'Empire d'iceluy,
tant salutaire. De laquelle chose Theodose l'Empereur
a monstre bel,exemple, se humiliant devant
l'Eglise, et a rendu tesmoignage à sainct Ambroise,
qu'il sçavoit bien faire office d'Evesque.
Si doncques par telle moderation on discerne
les seigneuries civiles en l'Eglise, d'avec le gouvernement
spirituel, il semble que d'autant qu'il
Par ceste procedure, tous lecteurs de sain iugement,
et qui auusi vouldront iuger d'affection
droicte et entière, pourront entendre comme les
Protestans se sont mis du tout en leur devoir, pour
condescendre à quelque bonne unité: et neantmoins
sans fléchir de la pure doctrine de l'Evangile. Car
il fault considérer que toute la reformation de l'Eglise,
et la concorde des differens, qui sont à present,
gist en trois poinctz. Le.premier est touchant
la doctrine : c'est à sçavoir que tous soyent consentans
et conformes en une foy et en une congnoissance de
Dieu et de sa vérité, singulièrement en la principalle
substance sans laquelle la chrestienté ne peult consister,
[fol. 163] En ce poinct les Protestans demeurent
fermes: et non sans cause. Car il n'est pas
question de céder de leur droict comme on a accoustumé
en controversies mondaines de quitter une
partie pour avoir l'autre, quand on veult venir
à une transaction amiable : mais puis que Dieu leur
commande de rendre tesmoignage à sa vérité,, la-
1) Cette pièce ne se trouvant dans aucune édition des
Actes, nous n'hésitons pas à l'attribuer à Calvin.
n'y aura pas grande mutation de police, on pourra
[fol. 162] aisément corriger les gros abuz par lesquelz
est advenu que l'Eglise a esté si misérablement
désolée long temps, c'est que l'office episcopal
a esté laissé derrière, entant qu'il n'y avoit pas
hommes qui le peussent exercer et accomplir, ce
qui y est requis selon la reigle de Christ et des
sainctz Peres. Et certes iamais on ne pourra establir
vraye reformation en l'Eglise, si on ne distingue
ces charges en tel ordre, que chascune Eglise ayt
son pasteur, voire propre à cela et estant assiduel à
s'en acquitter fidèlement: et qu'à iceulx soit librement
permise toute la solicitude appertenante à leur
estât, reiglée neantmoins et compassée à la moderation
des Canons. D'avantage, que l'un et l'aultre
estât soit tellement limité, et toutes les parties tellement
ordonnées que chascun puisse satisfaire à son
office et que l'Eglise ne soit point fraudée des ministères
nécessaires et utiles. De tout cela les Canons
anciens nous en monstrent une bonne et singulière
forme, lesquelz il fauldra suyvre en cest
endroict.
Le Seigneur Iesus, chef de son Eglise, veuille
assister à icelle, affin qu'elle soit restituée à sa volunté,
tresbien et heureusement. Amen.
ADTERTISSEMENT SUR LES CHOSES SUSDICTES. l )
quelle il leur a donné à congnoistre, et par leur
moyen aux aultres: il leur est nécessaire, s'ilz ne
veulent estre traistres à Dieu, de persévérer simplement
en la confession d'icelle. Et neantmoins
si peult on veoir comment ilz la proposent le plus
modérément que faire' se peult, et ne débattent
de rien, sinon que la nécessité les contraigne: combien
que leur intention soit tousiours, que quand la
concorde seroit faicte, la parolle de Dieu soit purement
et clairement preschée par tout, comme ilz;
l'ont déclaré par leurs livres. En quoy il est mestier
que les fidèles qui ont vraye intelligence, considerans
ce qui a meu lesdictz Protestans de ne
contredire point trop précisément en beaucoup de
choses, ne s'en scandalisent pas. Car combien qu'ilz
ne ayent pas rien voulu passer ne couler contre la
vérité, toutesfois si ont ilz bien voulu monstrer que
tant s'en fault que par cupidité desordonnée ilz esmeuvent
troubles et dissentions sans cause, que
mesmes où il y auroit matière de contendre, qu'ilz
s'en depportent et abstiennent, moyennant que la
vérité demeure saulve. Suyvant cela ilz ont receu
plusieurs motz pour s'accommoder à ceux qui sont
rudes ou infirmes, ou s'arrestent à la coustume, ou
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