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623 ACTES DE RATISBONNE. 624
ment l'office d'Evesque. [fol. 133] Car il est nécessaire
qu'en l'Eglise soyent aucuns suffisans gouverneurs
et de doctrine et d'ordination. Il est
aussi nécessaire que les iugemens de doctrine, des
causes et separations de mariages soyent exercez.
Pareillement il est de nécessité que l'excommunication
commandée en l'Evangile soit remise en son
entier.
Celuy qui a le tiltre d'Evesque maintienne son
vicaire, ou cestuy ordre des iuges.
Or si les chappitres des chanoynes avoyent
gens sçavans, craignans Dieu et exercitez: ce seroit
le plus facile de recueillir telz iuges d'iceux
chappitres. Mais aussi il fault adiouster d'entre les
laiz, quelques gens d'honneur, graves et sçavans.
Et qu'en chascun diocese, selon qu'il sera grand,
plusieurs assemblées de iuges soyent establies,
qu'une toutesfoys soit souveraine, laquelle, comme
nous avons ia diet, soit comme tenant le lieu de
l'Evesque.
Or à celle fin que les assemblées des iuges
ayent honnestes gages, certaines prébendes ou revenuz
des monastères leur doivent estre assignez
et appliquez à cest usage, car combien est grande
la multitude de gens oyseux et nonohalans, qui
sont maintenant aux chappitres et riches monastères?
C'est une chose toute claire, que pour une
petite somme d'argent on peult accorder avec les
officiaux de la peine de paillardise ou d*adultere.
Ceste doulceur augmente la liberté de péché. Parquoy,
il fault remettre en son entier la sévérité des
iugemens et peines. Et premièrement, touchant
tous crimes, cecy doit estre gardé. Que le Magistrat
civil ayt son droict et authorité tout ainsi
comme, selon son office, il s'enquiert et punit les
forfaietz des laiz, et fauldra enseigner le Magistrat
qu'il ne soit negligent à faire son office. Aussi par
les peines de ses loix il doit punir les prestres surprins
en crimes manifestes, comme de paillardise,
adultère, larrecin, meurtre et aultros semblables.
Car par authorité divine la conservation et deffenßion
de [fol. 134] la discipline extérieure a esté
commise et donnée à ce degré de Magistrat, ainsi
que l'Apostre nous enseigne au tresiesme chapitre
des Rom. quand il diet, que le Magistrat honnore
les bonnes œuvres et qu'au contraire les malings
le doivent avoir en crainte. Et de là est procedée
une corruption de meurs, qui n'est pas petite, pour
ce que la court ecclésiastique a empesché que le
Magistrat civil ne s'informast ou punist les adultères.
Donc, que le Magistrat soit veillant et prompt,
sçachant que par authorité divine il a esté estably
en ce degré pour estre conservateur de la discipline.
Toutesfoys cependant que les iuges ecclésiastiques
exercent leur office. Et pource qu'en plu­
sieurs lieux le Magistrat civil, par une ancienne et
maulvaise coustume, est trop negligent à punir les
adultères: à ceste cause les pasteurs et iuges ecclésiastiques
doivent estre plus diligens et songueux
en leur office. Que le pasteur admoneste ceux qui
seront subieetz et adonnez à crimes comme sont
les adultères, mespris de la Religion chrestienne,
à la manière des Epicuriens, parolles de blaspheme,
pariuremens ou aultres crimes. Si estant
admonesté, il ne promet changement de meurs,
qu'il l'accuse à la congregation des iuges: ioeux
après avoir faict bonnes informations, qu'ilz iettent
la sentence d'excommunication contre celuy qui
sera coulpable, donnans à congnoistre leur sentence
au Magistrat civil.
Et ainsi que les iugemens soyent commis aux
eslouz qui seront en certain nombre, gens graves,
sçavans, et équitables: de paour qu'il ne semble
que le pasteur ou quelque aultre plustost par haine
ne mette le coulpable en danger, qu'il l'ait aoousé
estant esmeu par la forme de son office. Aussi
qu'il ne soit permis au seul pasteur de ietter sentence
d'excommunication sans aucune assemblée des
iuges, ou sans avoir appelle quelques gens des
plus apparens et honnestes de son Eglise. Car
puis que ce sont iugemens de l'Eglise, plusieurs
doivent estre convoquez, comme sainct Paul l'enseigne.
Tyrannie [fol. 135] est ennemie à l'Eglise.
Parquoy on doit éviter apparence de tyrannie, es
iugemens ecclésiastiques.
On doit à telles assemblées de iuges donner
charge de visiter les Eglises, là où sera faicte inquisition
de la doctrine des pasteurs. Que les estourdiz
qui sèment faulse dootrine soyent réprimez,
superstitions soyent abolies, et les images, esquelles
se font les vogues; qu'on ayt l'œil sur lesescoles,
et que les estudes soyent bien conduietz.
Aussi les Imprimeurs ne sont à laisser derrière,
car c'est une chose de grande importance, de sçavoir
quelz livres sont miz en avant, et se bien
donner garde que faulse doctrine ou libelles diffamatoires
ne soyent espanduz. Donc que le Magistrat
depute aux Imprimeurs certains iurez, et
qu'il ne soit permis d'imprimer livres qui ne soyent
approuvez par iceux. Aussi qu'inquisition soit faicte
des meurs des pasteurs et du peuple: si on trouve
que le pasteur ayt commis quelque meschanceté,
qu'il soit puny par les peines rigoreusés des loix;
et de tant moins il fauldra laisser passer les paillardises
et adultères des Prestres pource que nous
demandons que le mariage leur soit ottroyé. Parquoy
ces forfaietz doivent estre puniz par peines
tresrigoreuses du corps.
Aussi que les visitateurs ayent esgard sur les
comptes du thresor des Eglises, et facent que les
gages soyent fidèlement payez aux Pasteurs, Dia-