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637 ACTES DE RATISBONNE. 638<br />
que ilz participent d'un pain et d'un calice, qu'est<br />
ce, que peult faire une telle multiplication de Messes<br />
en chascun anglet [fol. 151] d'un Temple pour les<br />
premiers venans, et pour l'affection inconsidérée<br />
d'un chascun: sinon que les hommes se fient plus<br />
• en l'œuvre du prestre qu'en la grace de Christ: et<br />
en amyellant leurs consciences en faulse et pernicieuse<br />
consolation, soyent plus hardis à mal faire,<br />
sans estre incitez à quelque penitence ou renouvellement<br />
de vie en Christ.<br />
Pareillement les monstres du Sacrement, et les<br />
façons de le porter, soit qu'on le face pour honneur, ou<br />
contre les adversitez, comme alencontre de la gresle,<br />
ou du tonnoirre, contre le feu ou l'eaue, contre les<br />
ennemys: comment se peult-il faire qu'elle ne conferine<br />
et establisse une vaine fiance en l'œuvre<br />
extérieure de regarder et honnorer le Sacrement?<br />
Parquoy il fauldra abolir toutes ces nouvelles<br />
inventions, et réduire la coustume ancienne, ou plustost<br />
l'institution du Seigneur, c'est de célébrer le Sacrement<br />
pour une saincte commemoration de la mort<br />
du Seigneur: laquelle se faict en participant du pain<br />
et du calice, et qu'il n'y ayt qu'une Cène pour un<br />
peuple. Car les Anciens n'ont iamais entendu, que<br />
ce Sacrement fut répété en un mesme iour, sinon<br />
quand le Temple n'estoit point capable de recevoir<br />
tout le peuple, pour la multitude: et ainsi que après<br />
le mystère finy il entroit nouveau peuple,- lequel ne<br />
devoit pas estre privé non plus de la communion.<br />
Que on regarde touchant cela le mandement du<br />
Pape Leon, qui est allégué aux decretz. l )<br />
Il y a grande raison, qui doit esmouvoir les<br />
Princes et Evesques de mettre toute peine qu'ilz<br />
pourront à corriger ces grans abuz, qui sont survenuz<br />
en ce Sacrement, et l'ont quasi corrumpu:<br />
qui les doit aussi esmouvoir à en restituer le vray<br />
usage. C'est que quiconque est en faulte, que ce<br />
sainct Sacrement soit indignement traicté, il se constitue<br />
coulpable du corps et du sang du Seigneur, et<br />
oultre maladies et mort corporelle, il mérite les<br />
peines lesquelles sont préparées à ceux qui foulent<br />
aux piedz le Filz de Dieu, et polluent le sang de<br />
son Testament, etc.<br />
[fol. 152] Il y a aussi un abuz fort pernicieux<br />
sur les enfans des chrestiens. Car comme ainsi<br />
soit, qu'on ne les puisse instruire devant le baptesme:<br />
quand ilz sont venuz en eage, les ministres<br />
ne les instituent point on la Religion et ne requiert<br />
on d'eux nulle profession publique de la foy, ne de<br />
l'obéissance ecclesiasticque. Il fauldra donc pourveoir<br />
que le catéchisme des enfans soit restitué, et que<br />
les Evesques n'en conferment nulz, sinon ceulx qui<br />
estans deuement enseignez se seront par eulx mes-<br />
1) De consecr. dist. 2. ca. Necesse, prins de l'Epistre 79.<br />
mes advoué de Christ, avec protestation de luy<br />
obeyr, et aussi de rendre obéissance à l'Eglise, laquelle<br />
doivent tous fidèles à icelle, selon la parolle<br />
de Dieu.<br />
Encores ne neglige on pas seulement l'instruction<br />
des enfans, mais aussi de tout le peuple: l'admonition<br />
de ceulx qui faillent est abolie: la correction<br />
de ceulx dont la meschanceté est notoire, est<br />
refroidie ou elle est nulle du tout. 11 n'est question<br />
d'enioindre penitence solennelle, aux delinquaus : l'excommunication<br />
est du tout anéantie, sinon qu'il y<br />
en est demouré seulement quelque umbre et le til—<br />
tre, et encores ce qui est demouré a esté tiré à<br />
toute aultre fin, que pour corriger les vices du peuple,<br />
non sans griefve contumelie du benefice de<br />
Christ, qu'il a donné à son Eglise en ceste discipline:<br />
car réservé, que le clergé s'ayde de ce baston,<br />
pour se venger, si on luy faict quelque fâcherie: en<br />
beaucoup de lieux il n'y a aultre usage de excommunication,<br />
que pour contraindre les paovres gens<br />
à payer, soubz umbre de contumace: en d'aultres<br />
lieux, pour recouvrer les choses perdues, et enquérir<br />
des choses occultes. De commencer par l'admonition,<br />
qui est ordonnée en l'Evangile, il n'en est<br />
nulle part question. Finalement l'absolution est<br />
mise en vente, tellement que quiconques a argent,<br />
iouyt d'icelle facilement.<br />
Ainsi le clergé a converty tout l'usage des clefz,<br />
partie à son appétit desordonné, partie à son avarice,<br />
partie à establir son regne. Parquoy il fauldra<br />
oster tous ces abuz et restituer l'ordre de l'Evangile,<br />
à admonester, corriger, exclurre [fol. 153] de la<br />
communion et de l'Eglise, tellement que ceulx qui<br />
auront péché soyent reduietz à penitence, et que<br />
par leur exemple les aultres conceoivent crainte, ou<br />
bien que l'Eglise soit purgée de la souilleure des<br />
mauvais.<br />
Et pource que ce ministère des clefz se peult<br />
facilement destourner à la ruyne de l'Eglise, à l'édification<br />
de laquelle il est institué: il y fauldra<br />
avoir un singulier esgard. Il sera donques besoing<br />
d'y ordonner personnages, plusieurs en nombre, de<br />
bonne gravité, et ayans bonne prudence spirituelle,<br />
et qu'on les eslise de tous les estatz de l'Eglise,<br />
tellement que ceste puissance ne soit point par devers<br />
un seul, comme nous voyons qu'elle est auiourdhuy<br />
commise aux officiaulx,, qui n'entendent<br />
gueres aultre chose sinon de vacquer aux plaidoiries:<br />
et d'aultrepart meinent telle vie, qu'ilz meriteroyent<br />
bien d'estre excommuniez, s'il y avoit vraye<br />
reigle d'excommunication. Sainct Cyprian exerceoit<br />
ceste iurisdiction d'excommunier et recevoir à communion<br />
les penitèns, non seulement par le conseil'<br />
du clergé, mais de tout le peuple. Et sainct Paul<br />
en nommant les gouvernementz, ne parle pas tanü •<br />
seulement des Ministres, mais de ceulx qu'on esli-'