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61 1 ACTES DE RATISBONNE. 612
ter la voix de ce bon Pasteur, et le suyvre de tout
nostre cœur, puis [fol. 121] qu'il nous donne à congnoistre
si clerement sa voix, que nous n'en pouvons
doubter, encor que nous le voulsissions. Car
il n'est point question de choses doubteusos et obscures,
tellement que quelqu'un puisse doubter de
ce qui est à recevoir, ou reiecter, ou qu'il soit
besoing d'attendre enseignement ou iugement, de
ceux auxquelz Dieu a donné plus amples graces
de son Esprit aux aultres nations. Car les choses
que nous requérons sont si bien testifiées et si évidemment
et au long explicquées, tant par la saincte
Escripture, que les Canons, qu'en différant la reformation
plus oultre, nous déclarerons à haul te
voix à Dieu, que nous ne voulons point qu'il regne
sur nous. 4
La Religion voirement appartient à tous ceux
qui portent la marque et le Nom de Christ: et eust
bien esté convenable, que toutes les nations, qui
retiennent encores ce Nom, d'un commun accord
et d'un mesme courage, eussent, long temps a, advise
de corriger les vices qui sont en la Religion,
pour la remettre en sa pureté. Mais cependant
que les aultres nations estant empeschées, ou par
ignorance de vérité, ou par mauvaises cupidités, ou,
bien estant oppressées par la tyrannie de l'Antéchrist,
negligent leur salut, et ayment mieulx, que
la Religion soit corrumpue que remise en son estât :
il ne fault pas que pour cela nous négligeons nostre
salut, et persévérions aux polutions, lesquelles
attirent avec elles certaine ruync.
Combien à la vérité, que touchant la reformation
que nous demandons, qu'on tache de faire,
comme elle est appertement et estroictement commandée
et requise de Christ et de toute l'Eglise:
il n'y aura nulz chrestiens, en quelque part que ce
soit, lesquelz estant deuement advertis, no l'approuvent
et louent. Quand aux aultres, comme ilz sont
encores estrangers, aussi leur voix ne doit estre
escoutée des brebis de Christ, mais les doit on fuyr
songneusement. Finalement, veu que par ceste reformation
nous monstrerons exemple devraye pieté
aux aultres nations, elles auront occasion de nous
en sçavoir gré et non point de s'en [fol. 122] scandalizer,
veu qu'elles en sentiront très grand profit,
et nulle incommodité.
Touchant ce qu'il y demeureroit pour un temps
quelque variété, dissimilitude entre les aultres nations
et la nostre, cela ne se fera point par nostra
faulte, et ne se devra appeller scisme pour nostre
part. Car ce n'est point nous séparer ou aliener
d'aucunes vrayes Eglises, quand nous tachons de
nous adioindre et adherer plus purement et pleinement
à l'Eglise de Dieu, qui a esté dés le commencement;
et n'est pas introduire quelque dissimilitude
avec les Eglises, quand nous retrenchons
ce qui s'est eslevé entre nous contraire à la foy
et Religion des Sainctz, et nous efforceons de réduire
tout à icelle foy.
Plustost comme ce ne seroit point une chose
indécente et nuysible, mais un commencement desirable
do guarison, si en un corps mutilé et plein
de playes, quelques membres commenceoyent à se
purger et guérir, combien que les aultres ne peussent
pas si tost recouvrer leur santé: aussi quand
Dieu nous fera la grace à nous Allemans, lesquelz
il appelle les premiers à ce, de donner ordre à ce,
que les vices de la Religion, qui sont comme playes,
apostumes et pourritures, dont toutes les nations
ont esté ia quelques temps deformes et défigurées,
soyent purgées: cela n'introduira nulle deformité
ou dissimilitude au corps de Christ, c'est à dire
en l'Eglise: mais sera un commencement salutaire
et nécessaire, à ce que tout le corps quelque foys
revienne à une mesme pureté et intégrité.
Au contraire, si nous délayons à, faire ceste
reformation des Eglises, tant nécessaire, non seulement
nous différerons des aultres nations, mais nous
serons entre nous mesme distraietz, divers et variables.
Car Dieu n'ostera point à ses serviteurs
l'esprit de constance, mais comme il a Met iusques
à ceste heure, il les fera persévérer iusques
au dernier souspir, en ce qu'il leur a donné. Si
le reste des estatz refuse et reiecte ceste saincte
reformation,' ce sera non seulement pour faire les
discors et differens de l'Allemaigne d'avec les aultres
nations, mais la dissipation en [fol. 123] elle
mesme, et irriter une horrible vengeance de Dieu
et importable.
Pourtant que nostre Seigneur Iesus, lequel s'est
exposé à la mort pour son Eglise, affin de la sanctifier,
l'ayant purgé par le lavement d'eaue en sa
p*arolle, et affin de se faire une Eglise glorieuse,
n'ayant ridde ne macule, ne tache aucune, mais
estant saincte et irrépréhensible, veuille faire ceste
grace à la maiesté de l'Empereur, à tous les Electeurs,
Princes et aultres Estatz de l'Empire, et à
chstecun d'eux en son endroit, de pleinement congnoistre
en quelles fanges d'ordures et en quelles
misères les Eglises de Dieu sont plongées par tout
le monde: affin que comme ilz ont esté instituez
par iceluy seul bon et vray Pasteur, pour estre
pasteurs et gouverneurs sur son tropeau, ilz employait
toute leur estude et affection, selon l'auctorité
qu'ilz ont receu d'iceluy mesme Iesus Christ
nostre Seigneur, auquel le Père a donné toute puissance
au ciel 6t en la terre, ilz mettent, dis-ie,
toute leur peine effort à ce que toutes les Eglises
soyent bientost par la parolle et par l'Esprit de
Christ purgées et guaranties do toutes corruptions
et macules, de toutes maladies et langueurs de superstition,
et de mauvaise vie et dissolue, et receoi-