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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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– Non, madame; généralement ils ne lui chargent rien du tout, répliqua Fanchon. Ce<br />

n'est pas l'amour qui les rend si généreux, je pense bien; mais la crainte. Antoine Lachance,<br />

l'un des canotiers, dit, lui, qu'elle porte à la piété autant qu'un évêque, et qu'il se récite plus<br />

d'Ave Maria dans le canot où elle embarque, que dans tout Paris, le dimanche.<br />

– Je devrais, moi aussi, réciter mes Ave Maria, dit Angélique, quand Fanchon fut<br />

sortie; mais ma langue se dessèche et ma bouche est une fournaise d'où les mots de la prière<br />

ne sortent plus!... Cette fille, Fanchon, n'est pas une fille de confiance; mais je n'ai pas autre<br />

chose à faire dire à sa tante. Il faut que je sois prudente avec la Corriveau, et que je l'amène à<br />

me suggérer ce que je veux faire... Madame de Beaumanoir, votre destinée n'est pas, comme<br />

vous le croyez, entre les mains de l'intendant! Il eut mieux valu, pour vous, obéir à des lettres<br />

de cachet que tomber entre les mains de la Corriveau!...<br />

Le soleil parut. Il inonda de ses douces clartés la fenêtre près de laquelle Angélique<br />

venait de s'approcher» Angélique se retourna, comme pour ne pas voir la lumière du ciel. Elle<br />

aperçut son image qui se dessinait vive et nette dans la grande glace vénitienne. Elle se trouva<br />

pâle, l'air dur, l'oeil plein d'un feu sombre. Elle se prit à trembler, se détourna encore, pour ne<br />

plus se voir et s'avança lentement, péniblement vers son lit. Il lui semblait qu'elle avait vieilli,<br />

que la rage grondait dans son âme, et qu'elle s'était déshonorée pour i'amour de cet intendant<br />

infidèle, qui l'oubliait, et lui reprochait maintenant de s'être avilie comme nulle femme au<br />

monde.<br />

– C'est sa faute! c'est sa faute! s'écria-t-elle en se tordant les mains... Si elle meurt,<br />

c'est sa faute à lui et non la mienne! Je l'ai supplié de l'éloigner, et il n'a pas voulu! C'est sa<br />

faute! C'est sa faute!<br />

Elle tomba dans un sommeil fiévreux, pénible, fatigant, plein de songes affreux, qui<br />

dura jusqu'au milieu du jour.<br />

Les dernières années du règne de Louis XIV, règne si long, si plein de gloire et<br />

d'infortunes, furent déshonorées par la corruption des moeurs et marquées du signe fatal de la<br />

décadence. Des crimes de toutes sortes se commettaient chaque jour, mais l'empoisonnement<br />

surtout jetait la terreur dans la population. C'est qu'il avait atteint le raffinement d'un art<br />

cultivé avec amour, et que la science lui prêtait ses lumières.<br />

Antonio Exili, un Italien, avait, comme beaucoup d'autres alchimistes de cette époque,<br />

passé plusieurs années à chercher la pierre philosophale et l'élixir de vie. Mais à force<br />

d'essayer à changer en or les métaux communs, il tomba dans la misère. La nature de son<br />

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