A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense
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– La France aura sa revanche, monsieur de Vaudreuil J'ai assez vu, assez observé<br />
pour dire que c'est la peur de la France qui tient les colonies anglaises dans l'obéissance et la<br />
fidélité. Les hommes politiques de la Nouvelle-Angleterre semblent embrasés de ce souffle de<br />
feu qui passa sur l'Angleterre, il y a un siècle. Ils pourraient acclamer un Cromwell; un roi,<br />
jamais! Si ces colonies vous conquièrent, elles se lèveront dans leur orgueil pour secouer le<br />
joug de la mère patrie. Ce sera une nouvelle lutte entre le peuple et le roi. La guerre éclatera,<br />
et alors la France pourra se venger. L'Angleterre verra tous ses ennemis se joindre aux<br />
rebelles pour la frapper au coeur et lui arracher ces belles colonies qui font sa grandeur et sa<br />
force!<br />
– Pardieu! Kalm, vous parlez comme un prophète! s'écria de Vaudreuil. Oui, ce serait<br />
une belle vengeance, une vengeance aussi douce que la conquête aurait été amère! Nous<br />
sommes au courant, ici, des secrètes manoeuvres des partisans de l'idée républicaine, dans la<br />
Nouvelle-Angleterre. Ils nous ont fait déjà des avances que nous avons repoussées, parce que<br />
ces gens sont les pires ennemis de notre Église et de notre roi.<br />
– Ils veulent d'abord, avec le secours de l'Angleterre, renverser votre souverain, puis<br />
ensuite, aidés de la France, ils chasseront du Nouveau-Monde la royauté anglaise. La guerre<br />
sera longue et sanglante: elle enfantera des inimitiés séculaires.<br />
– Par saint Michel! Kalm, vos paroles ont toutes les couleurs de la vérité, interrompit<br />
de la Corne de Saint-Luc; mais la France ne trahira pas ses enfants; elle sera fidèle à l'honneur<br />
et l'hostilité des provinces anglaises ne saurait l'effrayer.<br />
– Puisse-t-il en être ainsi, chevalier! répondit Kalm en chargeant sa pipe de nouveau. Il<br />
faudrait, pour former une civilisation digne de ce grand continent, que la courtoisie et<br />
l'urbanité du peuple français pussent s'unir à la rude énergie de l'Anglais. Heureux le pays où<br />
les qualités de ces deux grands peuples se fondront ensemble! Et je crois l'entrevoir, ce pays,<br />
dans les ombres de l'avenir!...<br />
– Vous croyez l'entrevoir? reprit le gouverneur. Comment? Faites-nous part des secrets<br />
qui vous sont révélés! Nous sommes tous des philosophes, ce soir, et nous reconnaissons que<br />
le prophète est proche de Dieu quand il contemple les choses du futur.<br />
– Je vois venir un jour, repartit Kalm, où les colonies anglaises se révolteront et<br />
secoueront le joug de l'Angleterre! Je vois venir un jour où les colonies anglaises voudront<br />
proclamer leur indépendance. Alors, elles tendront vers vous des mains suppliantes, car elles<br />
auront besoin d'amis et de secours!... Et la Nouvelle-France! la Nouvelle-France devenue<br />
province anglaise ne les écoutera point et détournera la tête! Elles vous demanderont le<br />
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