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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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cela, Le Gardeur ne serait pas à l'auberge comme nous, pauvres habitants, qui ne savons<br />

que faire à la maison quand la femme coule la lessive.<br />

– Pierre Philibert! fit le notaire en se frottant les mains, je le connais. Un héros comme<br />

Saint-Denis! C'est lui qui est allé à Beaumanoir chercher Le Gardeur. Il l'a ramené comme un<br />

chat fait de son chaton.<br />

– Comment! entre ses dents?<br />

– Pas de plaisanteries, Jean, sois convenable, remarqua le notaire légèrement froissé.<br />

N'étire pas mes comparaisons comme un fil, ou comme ton esprit. C'est dommage qu'il ne soit<br />

pas ici, le colonel Philibert, il le sortirait bien lui, son ami Le Gardeur...<br />

Après cette réplique, le notaire alla se mettre à la fenêtre où la pluie se précipitait avec<br />

fureur. La nuit approchait et les ombres commençaient à couvrir les bois et les champs. Sur le<br />

cap, les grands pins noirs se berçaient au vent en poussant des plaintes lugubres.<br />

Maître Pothier suivit du regard la route vaseuse qui s'enfonçait dans l'obscurité. Il y<br />

avait une lieue pour se rendre au manoir. Une lieue, par un temps pareil, c'était long. Il se<br />

tourna vers Pâtre où flambaient les sarments, songea au bon cidre, aux joyeux camarades, et<br />

revint s'asseoir bien tranquillement dans son fauteuil.<br />

Il tira sa pipe, son sac à tabac et se mit à fumer. Il était décidé d'attendre le beau temps<br />

au coin du feu. Cependant il était inquiet, agité. Le bruit des voix, le son de l'argent, le choc<br />

des dés d'ivoire, les éclats de rire qui venaient du salon, tout cela le troublait fort. Il vida<br />

quelques bons verres pour se calmer. Il devint lourd, somnolent. Il en prit d'autres alors pour<br />

se réveiller.<br />

– Bah! se dit-il en lui-même, un homme est capable de marcher à la pluie, quand il est<br />

capable de venir s'asseoir près du feu. La cause est jugée: j'ai perdu!<br />

violoneux.<br />

vin.<br />

– Jean La Marche, veux-tu venir au manoir avec moi, ce soir? demanda-t-il au<br />

Jean avait la langue passablement embarrassée. Ses pensées flottaient dans une mer de<br />

– Au manoir? fit-il, le chemin est long comme un cantique de Noël, maître Pothier, et<br />

la pluie va gâter les cordes de mon violon. N'importe, maître Pothier, pour vous être agréable,<br />

j'irai. Ces chiens de la Friponne hurlent de plus en plus fort. Ils vont dévorer Le Gardeur avant<br />

demain matin. Je vais vous accompagner. Donnez-moi la main, vieux Robin Mais, diable!<br />

mon siège est bien pesant: je ne viens plus à bout de me lever!<br />

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