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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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Elle parla de la beauté de la jeune victime, de la candeur de son âme, du charme de<br />

ses regards. Elle raconta, en riant, l'histoire qu'elle avait brodée pour lui faire accepter le<br />

bouquet, et la joie de la naïve enfant en recevant ce gage de l'amour et de la fidélité de Bigot.<br />

Angélique écoutait, immobile, haletante. Les nuages du crime assombrissaient sa<br />

figure. Elle devenait laide. Elle éprouva un frémissement de terreur quand la sorcière peignit<br />

l'effet foudroyant de l'aqua tofana, et comment la belle victime s'était affaissée dans sa robe<br />

blanche, en aspirant l'arôme empoisonné. Mais quand la sorcière, l'oeil en feu, la bouche<br />

déchirée par un horrible rictus, se vanta, en faisant décrire un geste de menace à son bras<br />

décharné, d'avoir deux fois plongé un fin stylet d'acier dans le cadavre presque froid déjà,<br />

Angélique se dressa, joignit les mains, poussa une clameur et tomba évanouie sur le parquet.<br />

La Corriveau se leva et, la reculant du bout de son pied, elle grommela:<br />

– Bonne à rien!...<br />

Puis un instant après:<br />

– Une femme comme les autres, qui veut régner sur tous les hommes, et devient<br />

l'esclave du premier venu! La Corriveau est d'une autre trempe que cela!...<br />

Alors, laissant Angélique seule, revenir comme elle pourrait, elle s'en retourna chez la<br />

mère Malheur, bien décidée de se mettre en route le plus tôt possible pour Saint-Vallier, avec<br />

l'infâme salaire qu'elle venait de gagner!<br />

XLII<br />

Parlons des épitaphes, des tombeaux et des vers<br />

A l'heure où la Corriveau sortait de la forêt de Beaumanoir, après le meurtre de<br />

Caroline de Saint-Castin, deux cavaliers couraient à toute bride sur la route de Charlesbourg.<br />

Leurs visages paraissaient noirs dans la nuit et la lune, faible, blafarde, ne les éclairait<br />

que trop peu pour qu'elle pût les reconnaître.<br />

Ils ne parlaient point, et semblaient absorbés dans quelque pensée grave.<br />

C'étaient Bigot et Cadet.<br />

Vers minuit, après avoir échangé quelques paroles, ils laissèrent là les dés et le vin, se<br />

séparèrent de la joyeuse compagnie, sortirent de la cour du palais, puis se dirigèrent vers<br />

Beaumanoir.<br />

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