26.06.2013 Views

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Angélique respira. Elle pensa que l'intendant n'aurait pas manqué de faire part à de<br />

Péan de sa lugubre découverte, s'il avait connu l'assassinat de Caroline.<br />

Elle comprit aussi qu'il ne pouvait accuser personne sans se compromettre, et sans<br />

passer pour un menteur et un fourbe auprès du roi et de la Pompadour.<br />

– Je dirai que je ne connais rien de cette affaire... je le jurerai s'il le faut, pensa-t-elle<br />

encore, et il n'osera pas aller plus loin.<br />

Rassurée, calme, elle descendit l'escalier. Le garçon tenait le cheval à la porte, depuis<br />

longtemps. Elle ramassa sa longue amazone neuve et monta en selle avec une grâce et une<br />

légèreté remarquables.<br />

– Attendez-moi, dit-elle au groom.<br />

Elle descendit la rue Saint-Louis. Tous les yeux la suivaient avec envie. Près du<br />

monastère des Récollets, elle aperçut le sieur La Force qui guettait, au coin de la rue Sainte-<br />

Anne, les pensionnaires des Ursulines. La Force la vit au même instant et fut d'opinion qu'elle<br />

valait bien une pensionnaire.<br />

Il la salua avec une politesse toute parisienne et sollicita l'honneur de l'accompagner.<br />

– Je voudrais faire une jalouse, dit-il, en regardant la porte du couvent qui s'ouvrait<br />

pour laisser sortir un essaim de charmantes élèves.<br />

– Et vous croyez que je puis vous aider?<br />

– J'ai une petite vengeance à exercer, et personne ne répand la terreur dans les âmes<br />

tendres comme Angélique des Meloises. On la sait toute puissante et invincible.<br />

– Alors, venez; prenez votre cheval. J'éprouve justement le besoin de torturer<br />

quelqu'un ce matin.<br />

– Attendons une minute. Voici les pensionnaires, je veux qu'elle me voie.<br />

Les premières qui sortirent du couvent appartenaient à la classe des Louise. Elles<br />

venaient, riant, caquetant, sans paraître se soucier de rien voir. Quand elles furent près<br />

d'Angélique et de La Force, elles relevèrent leurs voiles et firent un gracieux salut.<br />

L'une d'elles, la plus jolie avec son opulente chevelure, prit le lorgnon d'or qui pendait<br />

à son cou, regarda La Force avec une gravité comique, et fit du pied le geste de monter à<br />

cheval.<br />

La Force tendit sa main, comme pour lui servir d'étrier. Elle y mit le pied, et<br />

s'approchant d'Angélique, l'embrassa cordialement.<br />

281

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!