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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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Fanchon sauta sur la grève. Elle se mouilla un pied en sautant ainsi, et cela lui fit<br />

perdre un peu sa bonne humeur. Ses conducteurs ne l'avaient pas aidée. Dans l'opinion des<br />

Indiens, c'est la femme qui doit aider l'homme, et elle n'a besoin de personne.<br />

La galanterie des Français envers les femmes leur a toujours paru une chose absurde,<br />

incompréhensible, et rien jamais n'a pu modifier leur manière de voir à ce sujet.<br />

– Ce n'est pas que je tienne à toucher ces mains de Sauvages, murmura Fanchon, mais<br />

ils auraient dû quand même se montrer mieux élevés! Puis elle continua, en relevant le bord<br />

de sa robe pour montrer un pied gentiment fait, mais trempé jusqu'à la cheville. Voyez donc!<br />

Ils devraient savoir qu'il y a de la différence entre leurs squaws boucanées et une fille de la<br />

ville. Si elles ne valent pas la peine qu'on se dérange pour elles, nous, c'est différent. Mais ces<br />

Sauvages ne sont bons qu'à tuer des chrétiens ou à se faire tuer. J'aimerais autant faire la<br />

révérence à un ours qu'à un Indien.<br />

Les Sauvages laissèrent tomber sur son pied humide un regard profondément<br />

indifférent, prirent leur pipe, s'assirent sur le bord du canot et se mirent à fumer en silence.<br />

– Vous pouvez vous en retourner, leur dit Fanchon, sèchement. Je reste ici; je ne<br />

remonte pas avec vous autres. Je prie le bon Dieu qu'il vous blanchisse!<br />

C'est toujours bien comme rien d'attendre quelque chose de bon d'un Sauvage.<br />

– Marie-toi avec moi, sois ma squaw, Ania, répliqua l'un des canotiers en riant<br />

finement, le bon Dieu blanchira <strong>nos</strong> pappooses (enfants) et leur donnera les belles manières<br />

des visages pâles.<br />

– Ouais! je ne t'épouserais pas pour tout l'or du roi! Comment! prendre un Sauvage<br />

pour porter les fardeaux comme Fifine Pérotte! j'aimerais mieux mourir! je te trouve bien<br />

hardi, Paul Lacrosse, de me parler de mariage. Retourne à la ville. Je n'oserais plus remettre<br />

les pieds dans ton canot. Il fallait du courage pour y venir d'abord; mais c'est Mademoiselle<br />

qui vous a choisis, ce n'est pas moi. Je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas préféré les frères<br />

Belleau, les plus beaux garçons de Québec, qui étaient là, à flâner sur la batture avec leur<br />

embarcation.<br />

– Ania est la nièce de la vieille femme à la médecine, qui reste à Saint-Vallier, dans le<br />

wigwam de pierre. Elle va la voir, hein? demanda l'autre Indien avec un brin de curiosité.<br />

– Oui, je m'en vais voir ma tante Dodier: pourquoi pas? Il y a des pots remplis d'or<br />

enterrés dans sa cave, Pierre Ceinture. Je puis bien te dire cela.<br />

Paul Lacrosse.<br />

– Des pots pleins d'or! ho! oui! Ania va en demander à la Corriveau, de l'or, hein? fit<br />

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