26.06.2013 Views

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

elle aura des richesses immenses... et moi, en possession de son secret, je la tiendrai bien!<br />

moi, je serai sa maîtresse et la maîtresse de toute sa fortune! de tout son or! de tout son or! Et<br />

puis...<br />

Elle revit d'un coup d'oeil la destinée fatale de ses aïeux...<br />

– Et puis, ajouta-t-elle, j'aurai peut-être besoin, un jour de la protection de<br />

l'intendant...qui sait?<br />

Un frisson étrange lui passa dans les veines, mais elle se remit aussitôt.<br />

– Je sais ce qu'elle veut, reprit-elle, je vais en emporter! Elle connaîtra le secret de<br />

Béatrice Spara; ce sera ma sauvegarde! Elle est digne de le savoir, tout aussi digne que la<br />

Brinvilliers!<br />

La Corriveau entra dans sa chambre, ferma la porte sur elle, tira de son sein un paquet<br />

de clefs et se dirigea vers un meuble de forme singulière rangé dans un coin. Ce meuble était<br />

d'un bois noir importé d'Orient. Un vieil ouvrier italien, fort habile, y avait sculpté des figures<br />

étranges, d'après des dessins étrusques, et l'avait muni de tiroirs secrets et de cachettes<br />

invisibles.<br />

Il avait appartenu à Antonio Exili, qui le fit confectionner, pour y serrer, disait-il, ses<br />

formules cabalistiques et ses préparations alchimiques, quand il cherchait la pierre<br />

philosophale et l'élixir de vie; mais en réalité, pour y cacher les drogues d'où ses alambics<br />

tiraient l'aqua tofana, et ses creusets la poudre de succession.<br />

Dans le coin le mieux dissimulé de ce meuble, se trouvaient quelques petites fioles<br />

remplies d'un liquide cristallin, dont chaque goutte pouvait détruire une existence. La<br />

Corriveau prit ces fioles et les plaça soigneusement dans un coffret d'ébène pas plus grand<br />

qu'une main de femme. Il y avait déjà dans ce coffret plusieurs petits flacons de pilules,<br />

semblables à de la graine de moutarde. C'étaient des essences de poisons qui, mêlés à l'aqua<br />

tofana, donnaient au meurtre infâme toute l'apparence d'une mort naturelle.<br />

Dans ce coffret d'ébène se trouvait aussi le sublimé d'une poussière noire, mortelle, qui<br />

servait à tempérer les rougeurs ardentes de la fièvre et à faire pourrir la racine de la langue. Là<br />

encore, la fétide poudre de stramonium, qui s'attache aux poumons et fait râler comme<br />

l'asthme; la quinine qui glace et fait trembler comme les miasmes des marais pontins;<br />

l'essence de pavot dix fois sublimé qui tue comme l'apoplexie; et enfin cette plante sardonique<br />

qui donne à la victime le rire douloureux de la folie.<br />

La connaissance de toutes ces plantes, de toutes ces herbes maudites, avec le moyen de<br />

s'en servir et de pratiquer les enchantements, venaient d'abord de Médée de Colchide, qui<br />

165

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!