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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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laisser leurs dernières volontés clairement, formellement exprimées; les promis l'avaient<br />

attendu pour signer le contrat qui devait les enchaîner l'un à l'autre à jamais. Le feu sacré de<br />

l'amour pouvait brûler leur coeur, mais le flambeau de l'hymen ne s'allumait que lorsque les<br />

conditions des épousailles avaient été couchées sur une feuille de papier fort et scellées par<br />

une étoile de cire rouge.<br />

Le notaire avait affaire à de mauvais payeurs, assez souvent, mais il se tirait gaiement<br />

d'embarras. Ils ne se gênaient guère pour le faire travailler; pourquoi se serait-il gêné pour les<br />

faire payer?<br />

– Combien allez-vous me charger, maître Pothier, pour me griffonner un acte de<br />

damnation? lui demanda Louis Du Sol.<br />

– Cela dépend, répondit le rusé vieillard.<br />

– C'est un cochon raisonnable que...<br />

– Comment, tu veux damner un cochon raisonnable?...<br />

– Oui, je veux donner un cochon raisonnable pour l'usage d'un petit morceau de terre<br />

en bas du moulin.<br />

– Faudra-t-il y mettre un sceau?<br />

– Oui, maître Pothier, un sceau, tout!<br />

Maître Pothier gratta sa perruque de l'air le plus grave du monde.<br />

– Un acte de damnation de première qualité, solide, inattaquable, te coûtera cinq<br />

livres, dit-il; un de moyenne qualité, avec deux ou trois portes pour sortir, te coûtera trois<br />

livres; un mauvais, qui ne liera personne et ne signifiera rien, ne te coûtera qu'un franc. A ton<br />

choix, Louis.<br />

L'habitant crut qu'un acte de damnation tout à fait ordinaire et le plus commun, était<br />

tout ce qu'il fallait. Dans tous les cas, il ne se trouverait pas plus lié que l'autre partie et<br />

pourrait tout aussi bien commencer la chicane et faire un joli procès.<br />

Avec maître Pothier, il fallait toujours finir par causer de chicane et de procès. Son<br />

havresac sentait la loi comme celui d'un médecin, la drogue.<br />

Les habitants de Tilly étaient de braves gens, qui respectaient leur seigneuresse; mais<br />

ils avaient un penchant à l'ergotage et aimaient à faire voir qu'ils connaissaient les subtilités de<br />

la coutume de Paris et de Rouen.<br />

Ils payaient régulièrement les cens et rentes; mais depuis quelques années, Mme de<br />

Tilly leur en faisait remise à cause de la dureté des temps.<br />

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