A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense
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– La Corriveau a de la médecine et tout; apportes-en, hein? ajouta Pierre Ceinture.<br />
– Je ne vais chercher ni or, ni médecine, je vais voir ma tante; si cela te regarde, Pierre<br />
Ceinture, je ne vois pas trop quelle chose au monde ne te regarde pas, riposta Fanchon, un peu<br />
aigrement.<br />
– Mlle des Meloises donne de l'argent à Ania pour aller à Saint-Vallier, mais pas pour<br />
revenir, hein? demanda Paul Lacrosse.<br />
– Mêle-toi de tes affaires, Paul, et je m'occuperai des miennes. Mlle des Meloises vous<br />
paie pour me conduire à Saint-Vallier et non pour me débiter des impertinences. C'est assez.<br />
Voici votre argent; maintenant, vous pouvez retourner à la rue du Sault-au-Matelot et vous<br />
saouler comme il faut, si le coeur vous en dit.<br />
– Ça, c'est bon! dit l'un des Sauvages. J'aime à me saouler, et cette nuit on boira! Tu<br />
aimerais à me voir, hein? Ce serait mieux que d'aller voir la Corriveau... Les habitants disent<br />
qu'elle parle au diable, la Corriveau, et qu'elle envoie des maladies sur les wigwams des<br />
hommes des bois. Ils disent, les habitants, qu'elle est capable de tuer les blancs rien qu'à les<br />
regarder. Les Indiens ne sont pas si aisés à tuer que cela, eux! C'est l'eau de feu qui les tue,<br />
l'eau de feu, le tomahawk ou le fusil.<br />
– C'est encore bon qu'il se trouve quelque chose pour vous détruire, race mal élevée!<br />
riposta Fanchon. Regardez donc mes bas! Ah! si je raconte à la Corriveau ce que tu dis d'elle,<br />
Pierre Ceinture, il y aura de la peine dans ta cabane.<br />
– Ne fais pas cela, Ania, hein! supplia le Sauvage en faisant le signe de la croix. Si tu<br />
le contes, vois-tu, la Corriveau fera une figure de cire qu'elle appellera Pierre Ceinture, et elle<br />
la mettra devant le feu pour la faire fondre; et à mesure qu'elle fondra, moi, vois-tu, je<br />
dépérirai. Ne fais pas cela, hein!<br />
les habitants.<br />
Pierre Ceinture croyait sincèrement à cette folle superstition qu'il avait recueillie chez<br />
– C'est bon! laissez-moi; retournez à la ville et dites à Mlle des Meloises que je me<br />
suis rendue heureusement. Les deux Indiens ressentirent une certaine inquiétude. L'air de<br />
Fanchon ne les rassurait point; au contraire. Ils songeaient à la Corriveau dont le pouvoir<br />
surnaturel pouvait les atteindre sous les bois les plus épais, et dans les retraites les plus<br />
éloignées. Ils firent un salut à la jeune fille, puis sans parler, ils poussèrent leur canot dans le<br />
fleuve et remontèrent vers la ville.<br />
Fanchon Dodier se trouvait au pied d'une colline en pente très douce, où soufflait une<br />
brise fraîche, où s'étendaient des prairies et des champs de blé. Une longue file de maisons<br />
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