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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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Caroline surprit le regard perçant, le sourire satanique de la méchante vieille, et<br />

elle recula effrayée.<br />

La Corriveau s'apercevant de la mauvaise impression qu'elle faisait sur la jeune fille,<br />

se composa aussitôt un maintien plus avenant. Elle affecta de la sympathie, de la compassion.<br />

Il fallait inspirer la confiance ou se résigner à perdre, peut-être, le fruit de bien des peines et la<br />

perspective d'une grande fortune.<br />

Caroline vite rassurée, s'imagina qu'elle avait mal vu, se persuada qu'il ne fallait point<br />

écouter sa première impression. Le costume de la paysanne, le panier inoffensif, l'attitude<br />

prise par la Corriveau, se donnant l'air respectueux d'une personne qui attend qu'on lui parle,<br />

bannirent toute crainte de l'âme de Caroline et la laissèrent toute à sa curiosité.<br />

La Corriveau ne voulait point user de violence dans l'accomplissement de son forfait.<br />

Cependant, elle s'était armée d'un stylet de fin acier, le même que Béatrice Spara avait laissé<br />

dans le coeur de Beppa Farinata, quand elle la surprit dans la chambre d'Antonio Exili.<br />

Elle ne s'en servirait qu'à la dernière extrémité et pour se protéger.<br />

Ce seraient les roses, les roses éclatantes et parfumées qui tueraient la confiante jeune<br />

fille! Elle les savourerait comme un bouquet nuptial et le poison se mêlerait à l'enivrant<br />

arôme. La douce mort!<br />

Personne ne devinerait la cause d'une si prompte et si regrettable fin. On dirait de<br />

Caroline de Saint-Castin: Morte par la visite de Dieu!<br />

XLI<br />

Un forfait sans nom<br />

Caroline de Saint-Castin, debout, une main sur le dossier de sa chaise, regardait la<br />

Corriveau. Elle aurait voulu dire quelque chose et les paroles ne lui venaient point. Elle<br />

semblait abasourdie.<br />

Elle tenait la lettre que lui avait apportée mère Malheur.<br />

– Est-ce vous qui avez écrit ceci? demanda-t-elle enfin.<br />

La Corriveau fit un signe affirmatif.<br />

– Oh! dites-moi franchement, est-ce la vérité?<br />

– C'est la pure vérité.<br />

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