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A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

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demeure, et contre Caroline, parce qu'elle était venue se réfugier à Beaumanoir. Elle maudit la<br />

Corriveau qui s'était faite son instrument, elle maudit le poignard et le poison, elle se maudit<br />

elle-même.<br />

– Mon Dieu! pourquoi me désespérer ainsi, se dit-elle ensuite, j'ai l'air d'une<br />

coupable?... Une coupable?... Bigot m'a dit qu'il me donnerait sa vie même; oui, il me l'a dit!<br />

Il mentait, je le sais bien, mais, n'importe! il l'a dit... Encore, si la Corriveau ne l'avait point<br />

poignardée! La vieille misérable, elle devait la faire mourir de la mort d'un ange! Une mort<br />

douce, calme, presque joyeuse! Le monde aurait dit: Morte par la visite de Dieu! La Corriveau<br />

m'a trompée!... Bigot m'a menti!...<br />

Elle se leva et se mit devant son miroir.<br />

– Ah! que je suis pâle! murmura-t-elle... Je n'ai pourtant pas aspiré le poison, moi...<br />

Comme mes yeux sont éteints. Vais-je mourir aussi?... Si Bigot me voyait, il devinerait mon<br />

crime. Je me trahis! C'est le spectre de cette femme qui me hante déjà! Ma victime se venge!<br />

Elle regarda à la pendule.<br />

– Si tard déjà! La matinée est venue, elle s'en va! Que s'est-il donc passé? Qu'ai-je fait<br />

depuis hier?... L'heure se trompe!... Si quelqu'un allait venir!... Je recevrai tout le monde...Je<br />

vais sortir... Je vais marcher pour rendre à mes joues leurs couleurs, à mes yeux leur éclat... Je<br />

vais faire des visites et je serai vive, gaie, pétulante, pour détourner les soupçons! Tout le<br />

monde dira: Comme elle est heureuse! Elle n'a ni regrets ni inquiétude, elle!<br />

Elle sonna Fanchon. Elle avait hâte de vêtir sa plus belle toilette. Dans les plis du<br />

velours et sous les caresses de la soie, elle s'échapperait à elle-même ou bien se retrouverait<br />

comme naguère.<br />

indisposée.<br />

Fanchon accourut. Elle attendait depuis longtemps et craignait que sa maîtresse ne fût<br />

En entrant, elle poussa un cri de surprise.<br />

– Madame, comme vous voilà pâle!...<br />

– Je ne suis pas bien, pas très bien, se hâta de dire Angélique. Une petite promenade à<br />

cheval, au grand air, au soleil, va me remettre.<br />

– Mais ne serait-il pas prudent de voir le médecin, madame?<br />

– Le médecin? Allons donc! Je rencontrerai peut-être quelqu'un qui me fera plus de<br />

bien que le médecin, Fanchon, qui sait?<br />

Elle essaya de rire.<br />

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