26.06.2013 Views

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

A representação feminina nos lendários gaúcho e quebequense

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Elle lui remit le billet plié de la Corriveau.<br />

– Une lettre? fit Caroline, quel est ce mystère?... Est-ce de l'intendant?<br />

– Non, madame, c'est d'une femme.<br />

Caroline rougit et trembla en prenant la lettre.<br />

– C'est d'une femme, pensait-elle, il doit y avoir des motifs sérieux.<br />

La Corriveau affirmait qu'elle était une amie inconnue, désireuse de la protéger dans<br />

un moment critique... Le baron de Saint-Castin savait sa fille en la Nouvelle-France, et il était<br />

autorisé par le roi, à la chercher partout. S'il la retrouvait, elle serait envoyée en France...<br />

Elle connaissait bien d'autres choses qu'elle ne pouvait pas écrire, mais qu'elle lui<br />

confierait dans une entrevue.<br />

Elle connaissait le passage souterrain qui allait de la tour aux voûtes du château. Elle<br />

s'y rendrait la nuit suivante, à minuit juste, et elle irait frapper à la porte de la chambre secrète.<br />

L'intendant serait probablement une huitaine de jours aux Trois-Rivières, et en son<br />

absence, Beaumanoir serait probablement visité.<br />

Caroline frissonnait en parcourant cette lettre. Après la rougeur de la honte, la pâleur<br />

de la crainte se peignit sur sa belle figure.<br />

– Que aire, ô mon Dieu! que faire? exclama-t-elle en se tordant les bras dans une<br />

amère angoisse.<br />

émue.<br />

Mère Malheur la regardait avec indifférence, avec curiosité, et ne se sentait nullement<br />

– Mon père, mon père bien-aimé! continua-t-elle, mon père que j'ai tant offensé, va<br />

venir ici, la colère dans l'âme, m'arracher à ma cachette!... Oh! je mourrai de honte à ses<br />

genoux! Oh! que les montagnes tombent sur moi et m'ensevelissent avec ma honte! que faire?<br />

où fuir? Bigot! Bigot! pourquoi m'avez-vous trahie?...<br />

Mère Malheur, froide, dure, impassible, la regardait toujours.<br />

– Mademoiselle, dit-elle, il n'y a qu'un moyen de vous sauver, c'est de suivre les<br />

conseils de l'amie qui vous écrit. Elle vous trouvera, j'en suis sûre, une bonne cachette.<br />

Voulez-vous la voir?<br />

dans son air.<br />

– La voir? Mais qui est-elle? Ne me trompe-t-on pas? La connaissez-vous?<br />

Et elle regardait mère Malheur finement, pour voir si elle surprendrait une fausseté<br />

239

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!