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Undaunted

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lettres d’or de furieuses victoires, puis, très vite, il tourna les<br />

talons et s’engouffra dans la voiture où Bertrand l’attendait<br />

depuis des heures. À ce signal, le cortège se mit aussitôt en<br />

marche tandis que les trompettes jouaient un air martial.<br />

Octave trottait avec l’escadron de tête, parmi les chasseurs<br />

que menait ce lieutenant qu’il avait pris l’autre nuit pour<br />

Maubreuil. Il venait de lui confier ses inquiétudes à propos de<br />

celui-ci, et tous deux scrutaient les bas-côtés de la route,<br />

maintenant au grand trot. Quand ils s’enfoncèrent dans la forêt,<br />

après avoir lancé quelques éclaireurs, ils savaient qu’après ces<br />

roches chaotiques, ces ravines sablonneuses, ces rideaux de<br />

chênes denses et de pins, c’était la Seine ; les cosaques<br />

occupaient la rive droite et il était facile à Maubreuil d’en<br />

recruter, mais aucune meute de tueurs ne surgit des taillis. On<br />

accéléra le pas pour traverser Nemours et Montargis, on ne<br />

s’arrêta qu’aux obligatoires relais, longtemps, car il fallait<br />

changer soixante chevaux à chaque fois. Sur la place principale<br />

de Briare, le général Cambronne et son bataillon de grognards<br />

présentèrent les armes. Ils avaient quitté le château l’avantveille<br />

et s’apprêtaient à parcourir la France au pas jusqu’à leur<br />

embarquement pour l’île d’Elbe. Voilà toute l’armée du<br />

proscrit : les alliés en avaient autorisé trois cents mais ils étaient<br />

le double. L’Empereur les passa en revue avec une émotion<br />

visible, il leur souhaita un heureux voyage ; Cambronne avait<br />

sorti le sabre du fourreau pour saluer, son maître le remercia de<br />

son extrême fidélité avant d’entrer dîner à l’hôtel de la Poste. Il<br />

était huit heures du soir.<br />

Au service du souverain, Octave apprenait à perdre son<br />

temps. Il dépendait d’un mot, d’un caprice. Il en avait moins<br />

l’habitude que les membres du personnel réduit qui suivaient<br />

l’Empereur dans son exil, lui pour qui la libre flânerie était<br />

devenue un métier. Octave s’ennuya donc la matinée entière sur<br />

une chaise, ne se laissa distraire qu’un moment par une<br />

servante rondelette qu’il n’emmènerait pas dans sa soupente,<br />

malgré des œillades. Il se sentait ficelé. Autrefois il maîtrisait<br />

ses horaires et ses mouvements, menait une existence secrète et<br />

active à la quête de renseignements, courant les bouges, l’office<br />

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