30.06.2013 Views

Undaunted

Undaunted

Undaunted

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— Les tambours de la garde nationale. Nos amis russes ne<br />

doivent pas être loin. Venez par ici, évitons le centre de la ville.<br />

Ils longeaient le quai du Mail, herbeux, en pente vers la<br />

Seine. Dans l’obscurité, Octave guidait le chevalier qu’il tenait<br />

ferme par le bras.<br />

— Où allons-nous maintenant ? s’inquiétait Blacé.<br />

— Vous m’avez appris ce que je voulais savoir. En<br />

remerciement, il faut que je vous montre quelque chose. Que<br />

voyez-vous, au bas de la berge ?<br />

— Sans lanterne ?<br />

— Sans lanterne.<br />

— Rien du tout.<br />

— Mais si. Penchez-vous.<br />

Intrigué, le chevalier obéit. Octave prit sa canne à deux<br />

mains et lui brisa la nuque. Le vrai Blacé s’effondra contre le<br />

talus, le nez dans la terre. Du talon de sa botte, Octave roula le<br />

corps jusqu’à l’eau. Avec sa canne il le poussa encore. Le<br />

cadavre flottait, emporté par le courant plus vif de ce bras du<br />

fleuve, entre l’île Saint-Louis et l’île Louvier. Quand le corps<br />

disparut dans la nuit, Octave rentra se coucher.<br />

Les tambours avaient battu la générale toute la nuit et dans<br />

tous les quartiers. Dès le jour, on entendait le canon et des<br />

fusillades nourries, derrière les collines de Belleville, de<br />

Montmartre et de la butte Chaumont qu’on apercevait des<br />

étages de l’hôtel Sémallé. Le ciel avait une sombre couleur de<br />

plomb. Très nerveuse, en corset, la jeune comtesse de Sémallé<br />

quitta sa fenêtre et laissa la femme de chambre lui boucler une<br />

curieuse ceinture autour de la taille. Le comte se glissa à ce<br />

moment dans la chambre. La comtesse l’aperçut dans le miroir<br />

de la cheminée et poussa un petit cri :<br />

— Jean-René, vous vous exposez en venant ici !<br />

— C’est chez moi.<br />

— La police surveille l’hôtel, vous le savez, ils vous auront<br />

reconnu, ils vont vous arrêter !<br />

— N’ayez crainte, ma chère Zoé, ces messieurs sont trop<br />

occupés par les événements et leurs maîtres ne savent déjà plus<br />

21

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!