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prendre une flambée et déménagèrent des meubles disparates<br />
d’autres pièces pour composer une sorte de salon. Cette nuit, on<br />
allait camper, et Napoléon s’impatientait : où restait le maire ?<br />
Et le capitaine des gendarmes ? Ils avaient dû fendre la foule et<br />
se présentèrent débraillés, la cravate en biais, déférents, pour se<br />
soumettre aux questions rapides de l’Empereur :<br />
— L’opinion publique ?<br />
— Vous avez constaté, sire, écoutez la rue…<br />
— Pour les calmer, ajouta le capitaine des gendarmes, si vous<br />
vous montriez à une fenêtre…<br />
— L’ancienne noblesse ?<br />
— Elle ne fait pas tant la fière, sire, mais elle nous a imposé<br />
le drapeau à fleur de lys sur le balcon de l’Hôtel de Ville…<br />
— Est-elle suivie ?<br />
— Comme on suit une directive de Paris, sire.<br />
— La garnison ?<br />
— Elle a refusé de prêter serment au roi…<br />
Les journaux en disaient davantage, ce qui fit pâlir le colonel<br />
Campbell et ses collègues commissaires. À Clermont-Ferrand<br />
les soldats avaient brûlé le drapeau blanc que la municipalité<br />
portait en procession. À Rouen, à Orléans, à Poitiers, à Moulins,<br />
ils détruisaient pareillement les insignes royaux. À Lyon, les<br />
troupes étaient au bord de la mutinerie et rossaient les<br />
patrouilles alliées. À Paris, des ouvriers les aidaient à sabrer du<br />
cosaque en plein jour. Il y avait des tentatives de soulèvement à<br />
Anvers, à Mayence, dans toutes les garnisons de l’Est.<br />
L’Empereur se frottait les mains devant la cheminée, il se<br />
ranimait à mesure que les commissaires étrangers blêmissaient.<br />
Une fois les notables sortis, comme on restait entre soi,<br />
Napoléon s’assit dans une cathèdre et réclama son apothicaire ;<br />
celui-ci accourut avec une mallette marquée d’une aigle, il en<br />
sortit une seringue qu’il donna à l’Empereur, déboucha un<br />
flacon pour qu’il y remplisse sa seringue lui-même d’un<br />
mélange de sulfate de zinc et de cuivre, d’acétate de plomb, de<br />
mercure, pesé et dissous dans de l’eau distillée et du vin<br />
d’opium. Parce qu’il souffrait d’une maladie galante, cadeau<br />
d’une actrice pendant son dernier séjour parisien, Napoléon<br />
devait subir sa piqûre quotidienne. Sans se soucier des<br />
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