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Undaunted

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Le mercredi suivant, celui des Cendres, on enterra le dieu<br />

carnaval avec cérémonie. Des bals masqués étaient prévus aux<br />

Mulini, au fort de l’Étoile, chez les particuliers qui ouvraient ce<br />

jour-là leurs maisons. La population était descendue en masse<br />

dans les rues, des touristes heureux se mêlaient aux Elbois, ils<br />

dansaient, riaient, buvaient, mangeaient aux échoppes les<br />

traditionnelles tripes en rouleaux saupoudrées de sel, buvaient<br />

encore. Sur le parvis de l’église, mué en champ de foire, des<br />

camelots aux tenues baroques vendaient des jouets ou des<br />

chapeaux, les gosses allumaient partout des pétards. Octave<br />

déambulait de groupe en groupe et restait attentif, car il se<br />

méfiait des multitudes en liesse où n’importe quel assassin<br />

pouvait se glisser sous un masque, mais il avait conseillé à<br />

l’Empereur de ne pas se montrer à Porto Ferraio, et il<br />

mâchouillait une brochette de ces petites pieuvres grillées sur la<br />

braise, que des marchands proposaient aux carrefours. Il<br />

s’amusa d’un astrologue en bonnet pointu et faux nez de carton,<br />

vêtu d’une longue robe constellée de lunes et d’étoiles d’argent,<br />

qui vantait son élixir de vie. Un badaud acheta un flacon, qu’il<br />

voulut tout de suite essayer, il but, il recracha en grimaçant :<br />

cette mixture céleste n’était que de l’huile d’olive. Octave<br />

reconnut le bonimenteur à sa voix, même s’il la déformait :<br />

c’était le signor Forli. Il se plaça derrière lui, parmi cette petite<br />

foule de rieurs qui espéraient le prochain gogo pour s’en<br />

moquer en chœur. L’astrologue se tourna vers lui et lui cria aux<br />

oreilles en prenant un accent impossible :<br />

— Mon élixir, noble seigneur ? (et plus bas) Il faut que je<br />

vous parle.<br />

Ils furent interrompus dans leur jeu de scène par un gros<br />

jovial que ses voisins tiraient vers l’estrade ; il portait un<br />

chapeau comique, s’amusait beaucoup, réclama un flacon, mais<br />

une musique et des cris détournèrent les attentions : « Le<br />

cortège ! le cortège ! » Les curieux se poussèrent à l’autre<br />

extrémité de la place d’Armes, au débouché de la rue qui<br />

dégringolait des remparts. « Les voilà ! » Ils se pressaient sur le<br />

parcours du défilé, applaudissaient, grimpaient aux arbres ou<br />

sur des échelles. Le colonel de la Garde, d’habitude si austère,<br />

apparut le premier en habit de pacha, un turban<br />

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