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Undaunted

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auque. Octave ne l’avait plus dans son champ de vision mais il<br />

écoutait, parce que le plancher craquait et que les pas étaient<br />

lourds et lents. Il y eut ensuite un bruit d’eau qui coule ; il devait<br />

remplir un verre. Il y eut aussi un son plus métallique, celui de<br />

la petite cuiller remuant le sucre. Quel sucre ?<br />

Octave s’inquiétait quand la porte de la chambre s’ouvrit<br />

d’un mouvement brusque, et l’Empereur parut sur le seuil, dans<br />

la pénombre. La ceinture dénouée de sa robe de chambre<br />

pendait comme une corde, il avait le corps pris de spasmes, se<br />

tenait le ventre d’une main et s’appuyait de l’autre à<br />

l’encadrement. Il avait un visage déformé, il grimaçait ; il réussit<br />

à commander entre les hoquets violents qui le secouaient :<br />

— Appelez le duc de Vicence et le duc de Bassano…<br />

— Sire ! Je vais d’abord vous aider à vous asseoir,<br />

bredouillait Octave.<br />

— Appelez ! Appelez le duc de Vicence… insistait-il en<br />

s’adossant au battant de la porte comme s’il allait glisser et<br />

s’effondrer.<br />

— Messieurs ! criait Octave, affolé, et il réveillait par des<br />

bourrades les autres valets de chambre et es officiers de garde,<br />

affaissés sur les canapés inconfortables des salons. Ils se lèvent,<br />

s’agitent, comprennent ; bientôt les interminables corridors du<br />

palais se repeuplent et des bougies s’allument partout. Les uns<br />

se précipitent à la chancellerie où loge Bassano, d’autres vont<br />

chercher Caulaincourt et le docteur Yvan ; le grand maréchal<br />

Bertrand est sorti de son sommeil et s’habille en hâte ; ils sont<br />

tous dépeignés, au mieux en gilets, ils ont à peine le temps<br />

d’enfiler leurs souliers ou de se visser leur perruque sur le crâne,<br />

cols ouverts, sans cravates, portant des bougeoirs ou des<br />

quinquets. Octave est demeuré auprès de l’Empereur. Constant<br />

est accouru en entendant l’agitation, il prépare du thé pour<br />

apaiser son maître, tombé dans son fauteuil, abattu un moment,<br />

puis à nouveau nerveux, contracté, haletant.<br />

Lorsque Caulaincourt arrive le premier, il repousse les<br />

garçons du palais qui gémissent ou sanglotent avec plus ou<br />

moins de sincérité : les nouvelles se propagent et se déforment ;<br />

ils enterrent déjà l’Empereur.<br />

— Vite, monsieur le duc, dit Octave. Il vous réclame.<br />

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