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Undaunted

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fois encore. Dès le mois de septembre il avait pensé à ce retour,<br />

quand un riche gantier de Grenoble, M. Dumoulin, était venu à<br />

ses frais le visiter pour lui affirmer que les villes des Alpes lui<br />

étaient acquises. Il avait donc prévu le chemin de Paris, en<br />

évitant le Midi douteux, et préférait remonter par des sentiers<br />

sous la neige, en évitant les agglomérations, jusqu’à Grenoble<br />

où il se pensait attendu. Les soldats qui servaient le roi de<br />

France à contrecœur, ils étaient les siens, d’abord, et aucun<br />

d’eux ne lèverait son fusil contre lui. Il en discutait sur le pont<br />

avec Drouot, indécis mais obéissant, et Cambronne, Bertrand,<br />

Octave, Pons, lequel conservait ses réflexes républicains<br />

d’honneur et de sobriété :<br />

— Votre Majesté n’a songé qu’à enrichir ses maréchaux, ils<br />

voulaient garder leur fortune, même en vous trahissant.<br />

— Vous avez raison, mais je n’ai jamais su prendre sur moi<br />

de punir des hommes qui me trompaient après m’avoir servi.<br />

J’ai poussé loin ma faiblesse à cet égard.<br />

— Mais le maréchal Ney !<br />

— Il n’aime personne.<br />

— Masséna gouverne Toulon, comment va-t-il réagir ?<br />

— Il a le jugement le plus sain et le coup d’œil le plus rapide<br />

quand le feu a commencé.<br />

— Vos anciens généraux vont s’opposer !<br />

— Eux peut-être, mais pas leurs régiments. Ils ne suivront<br />

pas.<br />

— Et Augereau, sa proclamation infâme !<br />

— Pas infâme, bête. Il en écrira une autre pour dire l’inverse,<br />

vous verrez.<br />

Ils allaient aborder en France, ils n’avaient plus besoin de le<br />

demander pour s’en assurer, et la conversation se poursuivait<br />

dans le même ton quand Napoléon se mit à table, sur le pont,<br />

parmi une cinquantaine de ses officiers qui déjeunèrent avec lui,<br />

debout, l’assiette à la main et le pain sous le bras. Pour trinquer<br />

avec l’Empereur, chacun se servait de vin dans un grand vase<br />

posé sur le sol. Soudain la vigie cria et ils levèrent le nez.<br />

L’homme signalait une frégate sur la côte de Livourne :<br />

— Ils viennent vers nous !<br />

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