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Undaunted

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Campbell, ou pour l’injurier car j’ai bien distingué des « À bas<br />

le Corse ! ». Après le repas, auquel il n’a pas touché, redoutant<br />

qu’on l’empoisonne à l’arsenic, l’Empereur a réclamé une<br />

chambre. Il y en avait une, basse et malpropre, qui lui suffit. Sa<br />

piqûre administrée, il s’est endormi assis sur la paillasse où<br />

grouillaient des insectes, la tête contre mon épaule. Je sais qu’il<br />

a eu des cauchemars et que ses sursauts, les phrases inaudibles<br />

qu’il bafouillait, m’ont plusieurs fois réveillé. Les commissaires<br />

étrangers nous ont secoués vers trois heures du matin pour<br />

nous avertir que la voie était libre et les voitures attelées. Nous<br />

devions passer à Aix avant le jour. Par précaution, les<br />

autorités en avaient fermé les portes pour empêcher la foule<br />

armée de courir sur la route et nous agresser. Le sous-préfet,<br />

un courrier nous l’apprit, marchait pour se joindre à notre<br />

cortège et nous offrir un escadron de gendarmes. Sa Majesté<br />

restitua sa défroque à ce malheureux Loisellier en le<br />

remerciant de son aide et des risques qu’il avait pris, et, sur<br />

une idée de Campbell, on l’accoutra plus noblement quoique de<br />

façon bizarre, avec une tunique blanche autrichienne, une<br />

casquette prussienne et le manteau gris clair des officiers<br />

russes. Un major étranger prit sa place à côté de Bertrand<br />

dans la dormeuse. Nous avons évité Aix en ébullition, mais on<br />

entendait des clameurs derrière les remparts. À la Grande<br />

Pagère, nous avons déjeuné avec le sous-préfet qui nous laissa<br />

ses gendarmes pour traverser au galop Saint-Maximin,<br />

Tourves et Brignoles aux premières lueurs du jour…<br />

Ces villes une fois dépassées ils se sentirent en sûreté.<br />

D’imposantes garnisons autrichiennes s’étaient établies dans la<br />

contrée, les troupes s’échelonnaient sur des dizaines de<br />

kilomètres jusqu’au bord de la mer. Au Luc, où les voitures<br />

débouchèrent au milieu de l’après-midi, des hussards du<br />

Lichtenstein avaient déployé leurs tentes dans un parc. C’était<br />

devant le château du Bouillidou, chez l’ancien député Charles où<br />

Napoléon retrouva Pauline, sa sœur préférée : elle devait se<br />

rendre dans une station thermale des Basses-Alpes, mais,<br />

prévenue, elle avait voulu l’attendre dans cette bastide qu’il<br />

connaissait pour y avoir séjourné à son retour d’Égypte.<br />

L’Empereur avança droit vers la porte que lui ouvrait un<br />

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