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Undaunted

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CHAPITRE II<br />

En cage<br />

Dans la longue galerie de marbre du château de<br />

Fontainebleau, un homme vêtu de noir marchait à pas mesurés<br />

en tenant une lettre. Il avait une perruque blanche et frisée, des<br />

sourcils épais, un sourire permanent aux lèvres, comme un<br />

rictus, un col montant pour souligner cet air empesé qu’ont les<br />

vieux courtisans. Adjudants de service, chambellans en soie<br />

écarlate relevée d’argent, fourriers, valets de différents grades,<br />

tous s’arrêtaient à son passage et le saluaient en inclinant le<br />

buste ; il ne leur répondait pas, il ne les voyait pas. C’était<br />

Hugues Bernard Maret, duc de Bassano, secrétaire d’État qui<br />

régentait les affaires civiles, le plus proche confident de<br />

l’Empereur. Il était seul à pouvoir entrer dans l’appartement<br />

ordinaire de Napoléon sans qu’on l’annonce, et l’officier de<br />

garde, un capitaine des voltigeurs, se contenta de lui tenir la<br />

porte ouverte. De l’antichambre il passa dans le cabinet de<br />

travail ; son maître s’était penché dès cinq heures du matin sur<br />

ses cartes, avec le major général Berthier.<br />

— Sa Majesté est sortie, monsieur le duc, lui dit le premier<br />

valet de chambre, très haut de taille, très respectueux, qui<br />

n’avait pas encore quitté ses habits de voyage.<br />

— Je sais, monsieur Constant. Comment est-il, ce matin ?<br />

— De belle humeur, ma foi, dit le valet avant de s’effacer.<br />

Napoléon refusait la défaite et Fontainebleau n’était qu’une<br />

garnison ; il avait dédaigné les grands appartements, qui<br />

restaient fermés, pour un logement plus militaire dans un<br />

entresol à l’angle du palais, au bout de la galerie de François I er.<br />

Les fenêtres du cabinet de travail ouvraient sur un sombre<br />

bouquet de sapins. Les cartes étaient déployées en désordre sur<br />

une table de bois brut posée sur des tréteaux, quelques tiges<br />

d’aloès fumaient dans le brûle-parfum en forme d’animal<br />

égyptien. Maret jeta sur la cheminée la lettre décachetée qu’il<br />

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