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des hôtels, toujours en filature, avec des yeux à facettes comme<br />
les mouches. Il avait acquis l’instinct du danger, un flair<br />
particulier que ce matin il ne pouvait guère exercer. À son lever<br />
l’Empereur parut comme aux Tuileries, autoritaire, décidé. Il<br />
refusa d’avaler à la hâte son déjeuner, il inspecta son convoi,<br />
causa aux cochers et aux cavaliers de l’escorte. À midi, il donna<br />
l’ordre du départ. Même les commissaires étrangers se pliaient<br />
à ses volontés, ils lui laissaient une dernière fois l’illusion de<br />
gouverner des hommes, mais à Cosne, à La Charité-sur-Loire,<br />
des villageois sur les talus de la grande route acclamaient<br />
Napoléon qu’ils repéraient au passage à son célèbre chapeau, et<br />
lui, il tenait sa main ouverte par la fenêtre de la voiture.<br />
On aurait dit qu’il visitait ses provinces, qu’il acceptait la<br />
soumission normale de ses sujets, qu’il les bénissait.<br />
Octave chevauchait à la hauteur du lieutenant des chasseurs<br />
quand, dans la soirée, il aperçut à l’horizon la flèche de la<br />
cathédrale Saint-Cyr, sur le coteau où grimpait la vieille ville de<br />
Nevers. La journée avait été fatigante et monotone mais cette<br />
étape promettait de l’agitation : plus il s’approchait et mieux il<br />
voyait le peuple en foule, au milieu de la route, qui barrait les<br />
portes de la ville.<br />
— Qu’en pensez-vous, lieutenant ?<br />
— Je crois que nous allons enfin être utiles…<br />
— Qu’est-ce qu’ils crient ?<br />
— Je n’en sais fichtre rien mais ils crient !<br />
— J’ai envie d’aller au-devant…<br />
— À votre aise. Hugonnet ! Fournier ! En reconnaissance<br />
avec M. Sénécal !<br />
Octave et les deux chasseurs de la Garde prirent le galop et<br />
foncèrent vers la ville. À mi-parcours ils s’arrêtèrent net. Un<br />
autre cavalier revenait de Nevers, c’était l’un des courriers du<br />
convoi parti en estafette il y a deux heures, essoufflé, rouge,<br />
suant, un sourire aux lèvres, qui les informa :<br />
— Ils sont comme des diables.<br />
— Que braillent ces excités ?<br />
— Vive l’Empereur !<br />
— Allez avertir le lieutenant, nous y allons.<br />
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