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Undaunted

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Elle ouvrit les bras, son cachemire tomba, elle n’avait plus<br />

froid, Octave vit ses épaules rondes, ses bras et ses jambes<br />

dépassaient de sa tunique à la Vénus coupée selon la dernière<br />

mode. Elle avait des muscles longs, fermes, une peau tendre et<br />

tiède, couleur d’ivoire. Elle chaloupait des hanches, languide,<br />

souple, mais on la devinait toute en nerfs, plus sauvage que<br />

princesse. Le reflet des bougies jouait sur les torsades de ses<br />

cheveux foncés. À la vue de son frère, elle rayonnait. Ils<br />

s’étreignaient à en suffoquer, il riait, elle pleurait :<br />

— Nabulione, pourquoi, dis-moi pourquoi tu as abdiqué !<br />

— La légitimité des Bourbons, Paoletta, est une redoutable<br />

puissance…<br />

— Mais !<br />

Pauline avait posé sa joue sur la veste autrichienne et elle<br />

repoussa l’Empereur de ses deux mains en roulant des yeux<br />

noirs :<br />

— Quel est cet habit ?<br />

— Sans lui je serais mort.<br />

— Retire-le ! Retire-le ou je ne te parle plus ! Retire-le tout<br />

de suite !<br />

— Monsieur Sénécal, au lieu de rester comme une courge à<br />

nous reluquer, sortez de nos malles un uniforme des chasseurs<br />

de la Garde.<br />

L’Empereur remit son uniforme ordinaire pour ne pas<br />

déplaire à Pauline, puis il s’enferma avec elle jusqu’au soir.<br />

Pendant ce temps, sa suite et les commissaires s’organisaient<br />

pour la nuit, une vraie nuit paisible dans de vrais draps, ce<br />

n’était pas trop tôt, mais le chambellan, tracassé, vint sur le tard<br />

confier à Bertrand d’une voix qui chevrotait :<br />

— Votre maître s’expose, monsieur le comte.<br />

— J’y vais, Montbreton.<br />

Napoléon était en haut d’une terrasse entre des<br />

chèvrefeuilles, et il affrontait un attroupement. Les riverains<br />

grondaient, un frénétique s’écria :<br />

— Où qu’il est, l’infâme ?<br />

— Me voici ! répondit l’Empereur qui dominait la scène.<br />

— C’est toi le monstre ? reprenait une maraîchère.<br />

— Vous en doutez ?<br />

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