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Undaunted

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nationale elboise, pour bien marquer qu’il était le maître de<br />

cette île, de ses habitants et de ses ressources. Sur la route du<br />

rivage, M. Pons reconnut Bertrand, Campbell, le trésorier<br />

Peyrusse, des lanciers, des chevaux et les voitures qui<br />

transportaient tentes et victuailles nécessaires à un repas en<br />

plein air. Napoléon fixait des yeux la côte italienne, il distinguait<br />

une multitude de voiles qui dansaient devant le port de<br />

Piombino ; il dit sans regarder Pons :<br />

— Vous me les donnez, ces deux cent mille francs ?<br />

— Non.<br />

— Ah ! vous les avez donc encore.<br />

— Mais oui…<br />

— Je craignais que vous les ayez fait parvenir à Paris.<br />

— Le chancelier de la Légion d’honneur est averti de votre<br />

demande. J’ai écrit pour lui demander conseil.<br />

— Vous attendrez longtemps, monsieur Pons.<br />

— C’est mon ami, il me répondra.<br />

— Il ne vous répondra pas.<br />

— Nous verrons bien.<br />

— C’est tout vu. Votre ami Lacépède n’est plus chancelier.<br />

Pons décontenancé, Napoléon en profita :<br />

— L’abbé de Pradt le remplace. Vous avez entendu parler de<br />

ce traître, qui manigance avec Talleyrand ? Il souhaite ma mort<br />

depuis que je l’ai écarté de son ambassade en Pologne. Un<br />

incapable ! Savez-vous qu’il s’est vanté d’avoir hâté la victoire<br />

des armées étrangères ? Vous avez envie d’offrir l’argent de nos<br />

mines à ces royalistes que vous avez toujours combattus ?<br />

L’ancien régime est revenu, monsieur Pons, comme si nous<br />

n’avions jamais existé, ni vous ni moi.<br />

L’administrateur, pensif, essuyait ses lunettes.<br />

— Sortez votre cheval de l’écurie et venez.<br />

M. Pons obéit machinalement. Il suivit l’excursion<br />

champêtre en trottant près d’Octave sur la route côtière. Il était<br />

partagé. Ses principes avaient-ils cours, aujourd’hui ? Les<br />

souverains alliés s’étaient ligués contre l’Empereur, ils avaient<br />

offert la France aux Bourbons, ils avaient évincé celui qu’ils<br />

tenaient toujours pour le représentant de la Révolution, qui les<br />

avait tant effrayés. Les rois ne l’avaient jamais traité en égal,<br />

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