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Undaunted

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Les maréchaux sont éberlués. Ils entourent Napoléon, lui<br />

attrapent les bras, lui baisent les mains. L’Empereur les<br />

considère avec un certain mépris mais ils ne s’en aperçoivent<br />

pas.<br />

— Maintenant, dit l’Empereur, allez à Paris défendre les<br />

intérêts de mon fils.<br />

Cette maudite journée n’était pas terminée. Octave avait les<br />

paupières lourdes, il était assis sur une causeuse de taffetas vert,<br />

la tête contre ses bras croisés, luttait contre la fatigue, s’efforçait<br />

à la vigilance. Derrière la cloison, il entendit l’Empereur<br />

arpenter son cabinet de travail, sans s’interrompre, comme une<br />

bête tourne dans sa cage. Octave pensait à la riposte du<br />

lendemain ; elle semblait inévitable, même avec des bataillons<br />

diminués par la mort et par la désertion, des soldats souvent<br />

trop jeunes mais qu’on avait vus à l’œuvre dans les plaines<br />

champenoises ; leur rage se substituait à l’expérience. Octave<br />

attendait le moment où Napoléon irait au lit pour y ressasser ce<br />

combat si proche, alors il entrerait dans le bureau et remettrait<br />

tout en place, balayerait le tabac à priser, heureusement coupé<br />

en grossiers copeaux, que Sa Majesté répandait partout.<br />

Une turbulence diffuse, quelque part dans le palais, le secoua<br />

de sa rêveuse torpeur, des bruits se rapprochaient, des voix<br />

sourdes. Roustan s’était levé, il avait empoigné son sabre.<br />

Octave se tâtait la hanche où il avait attaché son couteau de<br />

tueur ; il écarta sa livrée pour le tirer à la première alerte. Des<br />

portes battent. Des appels se répondent dans les couloirs. Un<br />

trépignement de pas, maintenant, dans la galerie de<br />

François I er. L’aide de camp de service pousse bientôt en grand<br />

la portière de l’antichambre. Le général Belliard et un cuirassier<br />

casqué, graves, contrariés, demandent à voir l’Empereur<br />

d’urgence. Octave gratte à la porte du bureau.<br />

— Qui est-ce ?<br />

— Belliard, sire !<br />

— En pleine nuit ?<br />

— Il est onze heures du soir, sire.<br />

— Qu’y a-t-il donc de si important, Belliard ? dit l’Empereur<br />

en ouvrant lui-même.<br />

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