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RAPPORT - SFRMS

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— 159 —Le défaut de cible : prescrire hors diagnosticLa plupart des études consacrées au diagnostic des populations prescritesen antidépresseurs rapportent un tableau dépressif incomplet. Des constats plusradicaux évoquent un décalage total entre l'indication de la thérapeutique et leprofil pathologique des patients traités. Ainsi, pour la population âgée, lesantidépresseurs seraient d'abord prescrits en vue d'accompagner, comme lesbenzodiazépines avant eux, les maladies somatiques chroniques 21 . En médecinegénérale, la prescription encadrerait surtout des personnes présentant des signesd'anxiété 22 23 ou d'insomnie 24 . En outre, l'ordonnance incluant des antidépresseurscomprend davantage de médicaments que la moyenne des ordonnances, qu’ils’agisse de médicaments psychotropes ou non. Cette co-prescription est d'autantplus forte et durable (5 ans et plus) lorsque l'antidépresseur a été le premiermédicament prescrit 25 26 . Autrement dit, on retrouverait ici les traitscaractéristiques de la carrière thérapeutique des usagers réguliers debenzodiazépines : a) initiation du traitement pour « déprime », « nervosité » ouinsomnie ; b) renforcement et chronicité de la thérapeutique sous l'effet desdifficultés quotidiennes et de l'apparition d'une maladie organique invalidante 2 .Le défaut de prise en charge : la sous-prescription des personnes souffrantde dépressionSi la prescription hors diagnostic paraît s’appliquer d’abord aux personnesâgées, ou croître avec l’âge du patient, en revanche, le défaut de prise en chargedes personnes pour lesquelles un trouble dépressif peut être diagnostiqué concerned’abord les publics les plus jeunes, à savoir les moins de 30 ans. L’une des raisonssusceptibles d’expliquer ce phénomène a trait à l’inégalité de l’accès aux soins. Lerecours au système sanitaire est en effet moins important chez les jeunes, enparticulier chez les hommes jeunes, d’où la difficulté à mener une politique deprévention et de prise en charge à l’attention de cette population.ConclusionLes pratiques de prescription des médecins généralistes s’écartent souventdes recommandations thérapeutiques. Cet écart ne doit pas être considéré de façonmonolithique car il recouvre des réalités fort diverses : un défaut de cible, undéfaut de prescription. L’affirmation selon laquelle les médecins généralistesprescrivent avec excès doit donc être complétée par le fait qu’ils sous-prescriventégalement. Parallèlement, il semble en effet que la prescription des ISRS se soitétendue à un public plus large. Ce dernier point amène à considérer l’éventuelleouverture de la pratique des médecins généralistes aux questions de santémentale ; question qui n’a pas encore fait en France l’objet d’études approfondies.

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