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RAPPORT - SFRMS

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— 274 —d’un anxiolytique, voire d’un antidépresseur, en dehors de tout cadrenosographique, même si elle est fréquente, peut en effet avoir moins derépercussions délétères à l’échelon individuel et collectif que l’absence deprescription chez des sujets souffrant de troubles psychiatriques avérés (rupture ducursus scolaire, perte d’emploi, altération du réseau familial et social,développement d’une comorbidité addictive, suicide…).Un autre point à prendre en compte est que le critère principal qui a étéutilisé ici pour évaluer l’inadéquation est l’existence ou non d’un troublepsychiatrique avéré selon les critères diagnostiques internationaux. L'élaborationde critères diagnostiques tels que ceux définis dans les classificationsinternationales des troubles psychiatriques comme le DSM-IV ou la CIM-10 anotablement contribué à homogénéiser les pratiques diagnostiques en psychiatrie.Si cette standardisation est nécessaire pour la réalisation d’étudesépidémiologiques, elle a des limites à l’échelon individuel, où la prescription d’unpsychotrope peut être médicalement justifiée (ou injustifiée) sur des critères autresque le strict cadre nosographique. Une autre limite, trop souvent négligée, est quela validité des catégories diagnostiques ainsi définies reste incertaine, puisque cesregroupements syndromiques ont été établis exclusivement à partir du niveaud'observation clinique. Contrairement à d’autres pathologies, l'étiologie et laphysiopathologie des troubles psychiatriques restent inconnues, on ne disposedonc pas d'examens complémentaires permettant de confirmer les diagnosticsétablis cliniquement à partir de l’identification des symptômes présentés par lapersonne. De plus, la spécificité des symptômes sur lesquels reposent lesregroupements syndromiques est faible, les mêmes symptômes pouvant êtreprésents dans plusieurs troubles. Du fait de ces incertitudes, les frontières entre lesdifférentes catégories diagnostiques, ou entre normal et pathologique, reposent surdes critères relativement arbitraires et sont donc susceptibles d’être modifiées enfonction des décisions de consensus d’experts ; l’élargissement des critèresdiagnostiques d'une catégorie entraînant le fait que le diagnostic sera posé chez unnombre plus important de personnes. Comme dans la plupart des spécialitésmédicales, les diagnostics catégoriels ont pour utilité principale de permettre laprise de décision, notamment au niveau de la conduite à tenir thérapeutique ; toutemodification des frontières diagnostiques entraîne donc une modification dunombre de sujets requérant tel ou tel traitement. Pour les raisons explicitées plushaut, la psychiatrie est une des spécialités médicales où le risque d'extension desindications est particulièrement élevé, et où l’influence d’experts, dont les liensavec l’industrie pharmaceutique ne sont pas toujours limpides, sur l’élaboration oula modification des critères diagnostiques est régulièrement mise en cause 162-165 . Ilest en effet relativement aisé dans ce champ de la médecine où les frontièresdiagnostiques sont incertaines de définir que telle ou telle condition correspond àun état pathologique requérant un traitement, favorisant ainsi la création denouvelles entités diagnostiques, ou la médicalisation de comportements considéréscomme socialement déviants. Les exemples pourraient être multipliés pour lestraitements psychotropes prescrits aussi bien aux enfants qu'aux adultes.L’extension du cadre diagnostique de la phobie sociale au cours de la dernière

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