13.07.2015 Views

RAPPORT - SFRMS

RAPPORT - SFRMS

RAPPORT - SFRMS

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— 205 —D. SYNTHÈSE1. Le regard des sciences socialesDepuis 1990, la diffusion massive des antidépresseurs et la stabilisationrelative des anxiolytiques et hypnotiques n’a pas transformé sur le fond lastructure démographique de la population consommatrice : dans 2 cas sur 3,l’usager est une femme et est âgé(e) de plus de 50 ans. Cette dynamique peut êtremise sur le compte du vieillissement général de la population française. Lesconsommations sont d’autant plus durables que l’usager est âgé. En ce sens, lachronicité du recours est étroitement liée à la prise en charge du vieillissement,c’est-à-dire à la prévention et à l’accompagnement des maladies organiques et del’invalidité, d’une part, de l’isolement, d’autre part. La prescription s’apparente icià une gestion de la douleur, le cas échéant, à un soin palliatif. C’est la raison pourlaquelle, dans 80 % des cas, l’ordonnance des médicaments psychotropes estassociée à un médicament d’une autre classe pharmaceutique, cardio-vasculaire enparticulier. La consommation des personnes quinquagénaires est caractérisée pardes recours généralement ponctuels (inférieurs à l’année) et répondant à desévénements de vie, souvent eux-mêmes conjoncturels (rupture conjugale, périodechômée, etc.). Le public prescrit appartient en grande majorité aux milieuxpopulaires (ouvriers, employés) et aux classes moyennes (professionsintermédiaires), les classes supérieures étant peu représentées. En ce sens, laprescription ne s’adresse pas spécifiquement aux populations les plus démunies :la thèse d’une « intoxication des plus pauvres » ou d’une gestion médicinale de lacrise de l’emploi ou de la pauvreté, n’a pas lieu d’être.La croissance des prescriptions d’antidépresseurs n’a pas non plus modifiésur le fond l’indication des médicaments psychotropes, ces médicaments s’étant,en partie, substitués aux benzodiazépines. S’ils ont contribué à ouvrir la médecinegénérale à la prise en charge des troubles psychiques, les traitements consacrésuniquement aux problèmes psychiques y demeurent marginaux, et s’appliquentessentiellement à la classe d’âge des 45-55 ans. De plus, l’essentiel desprescriptions concernent des formes atténuées de troubles psychiatriques ou cequ’il est convenu d’appeler « la souffrance psychique » (mal-être, douleur,déprime, nervosité, etc.).Si l’usage de médicaments psychotropes est particulièrement répandu enFrance, l’ordonnance et la consommation de ces produits sont à l’image del’engouement suscité dans notre pays par le médicament en général. Cettelégitimité médicinale est telle qu’elle parvient à l’emporter sur les représentationssouvent négatives qui entourent l’usage des médicaments psychotropes(dépendance, folie, etc.) : ces stéréotypes ne freinent pas la consommation, pasplus qu’ils ne dissuadent les consommateurs dont l’usage est chronique. Dans lamesure où le remboursement des médicaments continue d’être élevé en France,cette tendance est logiquement maintenue.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!