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Dimensiuni ale limbajului n context carceral

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Secţiunea Literatură franceză: Anca Berciu – premiul I; Adriana Trif – premiul II; Mihai Platon –<br />

premiul III.<br />

*<br />

*<br />

LE THEME DE LA CREATION ARTISTIQUE ET SES IMAGES SYMBOLIQUES<br />

DANS L’ŒUVRE DE JEAN ROUAUD<br />

Anca Berciu<br />

Coordonator ştiinţific: prof. univ. dr. Yvonne Goga<br />

Secţiunea: Literatură franceză<br />

Tous les thèmes majeurs de la prose de Jean Rouaud (la vie, la mort, l’histoire, la guerre, les relations<br />

de famille) connaissent un point de convergence en celui de la création artistique. À l’image des mégalithes<br />

bretons qu’il décrit dans ses premiers deux romans, Les champs d’honneur et Des hommes illustres, Rouaud<br />

cache dans ses textes des images symboliques de l’acte créateur, de l’acte scriptural, en dévoilant pour l’œil<br />

du lecteur attentif un vrai art poétique. Celui-ci, loin d’être aride et dissonant avec l’ensemble du texte,<br />

contribue pleinement à la note poétique qui caractérise toute la prose roualdienne.<br />

Pour arriver à la conception de Jean Rouaud sur la création artistique, le lecteur est invité à décrypter<br />

un symbole qui apparaît dès les premières pages du roman Les champs d’honneur : il s’agit des lunettes.<br />

Associés à la pluie devenue constante existentielle en Loire Inférieure, le symbole des lunettes et celui de la<br />

myopie proposent un nouveau regard jeté au monde. C’est un regard qui efface la monotonie du réel et du<br />

quotidien, la grisaille du paysage familier, en remplaçant celui-ci par une image esthétisée du monde :<br />

«Les porteurs de lunettes essuient machin<strong>ale</strong>ment leurs verres vingt fois par jour,<br />

s’accoutument à progresser derrière une constellation de gouttelettes qui diffractent le paysage,<br />

le morcellent, gigantesque anamorphose au milieu de laquelle on peine à retrouver ses repères :<br />

on se déplace de mémoire. Mais que le soir tombe, qu’il pleuve doucement sur la ville, que les<br />

néons des enseignes clignotent, dessinent dans la nuit marine leur calligraphie lumineuse, ces<br />

petites étoiles dansantes qui scintillent devant les yeux, ces étincelles bleues, rouges, vertes,<br />

jaunes qui éclaboussent vos verres, c’est une féerie versaillaise. En comparaison, lunettes<br />

ôtées, comme l’original est plat». 1<br />

L’utilisation du possessif à la deuxième personne «vos» renvoie explicitement à un lecteur générique.<br />

Celui-ci est invité à devenir conscient du fait que l’acte de la création artistique n’est autre chose qu’un<br />

1 Jean Rouaud, Les champs d’honneur, Paris, Les Editions de Minuit, 1990, p. 16-17.

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