Dimensiuni ale limbajului n context carceral

Le récit de type traditionnel est centré sur la présence d’un personnage au moins, qui souvent même
donne son titre à l’œuvre. Que l’on songe aux deux romans de Laurent Gaudé, qui attribuent les deux une
grande importance au personnage : Le Soleil des Scorta et La Mort du roi Tsongor annoncent dès le titre le
nom du personnage autour duquel se dresse l’action.
Le roman contemporain est soumis de plus en plus à des transformations formelles et idéatiques qui
s’accordent à la réalité du XXI ème siècle : transformations de la syntaxe, hybridation des formes, polyphonie
des voix, abandon de la linéarité narrative. Ces éléments rapprochent cette nouvelle littérature du « réalisme
magique » développé à partir des années 1970 dans l’Amérique latine. Au delà des rites chrétiens qui
dominent les deux romans (l’enterrement de Rocco, de la Muette, du roi Tsongor), la dimension surnaturelle
domine les récits : (Katabolonga peut parler à un cadavre, Souba réussit à construire sept tombeaux immenses,
le roi Tsongor réussit à voir ce qui se passe dans son royaume même après sa mort, Souba, lui aussi parle
enfin à son père pour lui déclarer sa tâche accomplie).Cette littérature a certes des ressources dans la tradition
du conte. Elle cultive ce « réalisme magique » qui n’ignore rien des recherches formelles et des nouvelles
« visions » contemporaines, offrant ainsi au genre romanesque un prodigieux renouvellement narratif.
Si l’on voulait trouver ce qu’il y a de commun dans les œuvres de Laurent Gaudé – c’est peut-être à la
notion de tragique qu’il faudrait s’arrêter. Qu’il y ait des l’espoir qui perce dans les dernières pages, cela
n’annule pas la destinée tragique qui marque la plupart de ses personnages. La thématique elle-même n’est
pas nouvelle : bien des romans traitent et ont traité les expériences familiales à travers des générations, des
mythes, des époques révolues, les pièges de la quête du bonheur, la cruauté de l’être humain face à son
semblable qu’il méprise, manipule ou exploite. Thème sensible dans un Occident assailli par le flot
d’immigrés venus d’Afrique surtout – il ne pouvait pas s’absenter dans la création de Gaudé. Avec son dernier
ouvrage, Dans la nuit Mozambique, il remonte à un phénomène douloureux de la civilisation occidentale : le
marché des esclaves. Beaucoup d’écrivains s’y sont rapportés.
La Mort du roi Tsongor, roman de Laurent Gaudé, retrouve plusieurs motifs et thèmes dans la
nouvelle de Mérimée. Dans les deux œuvres l’intrigue débute à cause d’une femme, dans le roman Samilia, la
fille du roi et dans la nouvelle, Ayché, la femme de Tamango. La nouvelle explore aussi le parcours initiatique
du personnage, tout comme Souba du roman de Laurent Gaudé. Tamango part du statut de chef des nègres
pour arriver à vivre comme esclave pour pouvoir sauver sa femme. Pour lui, toute cette situation est une
preuve que l’esclavage doit arrêter et que lui aussi, il ne doit plus s’occuper de ce type d’affaires. En même
temps, le thème de la guerre domine la nouvelle aussi, tout comme on l’a déjà vu pour La Mort du roi
Tsongor. Pendant que dans le roman, la guerre a des causes, disons, d’orgueil (parce qu’il n’y a plus de
« prix » à gagner), dans la nouvelle de Mérimée, la guerre est le seul moyen des nègres pour se sauver. Pour
eux, la guerre est le triomphe de la liberté