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Dimensiuni ale limbajului n context carceral

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lune sinistre et enivrante », qui fait penser à l’occultisme et à la sorcellerie. Tout respire un air imprégné de<br />

subjectivité, car chaque image est filtrée par la conscience aigue de l’artiste. Le portrait de la bien aimée<br />

semble tirer ses traits de l’être de celui-ci et la dévoile en vraie amazone, ayant « la volonté tenace et l’amour<br />

de la proie. ». Le Moi éprouve une variété de sentiments, qui passent de l’inquiétude inspirée par tout ce qui<br />

est d’inconnu, d’impossible dans la femme, au désir « de mourir lentement sous son regard ». Atteindre le<br />

paroxysme dans le champ de la sensation semble pousser le poète vers le rejet, d’un côté traduit par le cri,<br />

d’autre côté par l’appel à la mort.<br />

2. La Barbarie et la civilisation<br />

Dans la même conception d’être dual, la femme représente le thème d’un autre poème, « La Femme<br />

sauvage et la petite-maîtresse », mais cette fois-ci, il s’agit de l’opposition entre la femme mondaine, élégante<br />

et gracieuse, et la femme dépourvue de tous ses attributs féminins. L’attitude du poète change : on le retrouve<br />

déployant le fil de sa pensée sous la forme d’un apostrophe. Le destinataire de sa confession est caché sous<br />

des appellatifs du genre « ma chère », « chère précieuse », « ma belle délicate ». Malgré cette affection<br />

témoignée, les répliques du locuteur révèlent un esprit fâché et ennuyé, qui verse son chagrin sous la forme<br />

d’une argumentation nettement mise au point, suivie d’un avertissement bien sérieux.<br />

Le début de la démonstration se fait brusquement, l’artiste énonçant sa thèse sans faire de détours. Il<br />

ne semble pas ménager sa maîtresse : « Vraiment, ma chère, vous me fatiguez sans mesure et sans pitié » (p.<br />

169) et commence à argumenter, mais pourtant il garde le ton respectueux et affectueux en quelque sorte. Le<br />

premier reproche fait à la femme vise ses soupirs dépourvus de motif, cependant très semblables à ceux qui en<br />

ont vraiment : « Si au moins vos soupirs exprimaient les remords, (…) mais ils ne traduisent que la satiété du<br />

bien-être et l’accablement du repos. » (p. 169) Ensuite, on la condamne à cause de son bavardage, que le poète<br />

imite ironiquement : « Consolez-moi par-ci, caressez-moi par-la ! » (p. 169)<br />

Quant aux lignes qui suivent, on les verrait prédestinées à faire oublier à l’interlocuteur le disconfort<br />

émotionnel que les objections antérieures auraient pu provoquer. Dans ce but, on lui présente la petite histoire<br />

de la femme sauvage enfermée dans une cage et dénuée de tous les traits à partir desquels elle pourrait être<br />

nommée « femme » (voir les comparaisons « hurlant comme un damné, secouant les barreaux comme un<br />

orang-outang (…), imitant (…) tantôt les bonds circulaires du tigre, tantôt les dandinements stupides de l’ours<br />

blanc » (p. 169)). On décrit de même le traitement dont cette femme bénéficie de la part de son mari, « un bon<br />

coup de bâton pour la calmer », en utilisant d’images visuelles et surtout auditives : « avez-vous entendu<br />

résonner la chair, malgré le poil postiche ? Aussi les yeux lui sortent maintenant de la tête, elle hurle plus<br />

naturellement. » (p. 169)<br />

Les mots du Moi trahissent un certain masochisme lorsqu’il invite la femme à considérer un peu « les<br />

mœurs conjug<strong>ale</strong>s de ces deux descendants d’Eve et d’Adam » par rapport à sa propre situation. « Maintenant,<br />

à nous deux, chère précieuse ! » (p. 169) lui dit-il comme pour revenir sur un ton presque menaçant à ses

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