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Dimensiuni ale limbajului n context carceral

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eproches, après avoir donné une vraie raison pour soupirer et rechercher la consolation. Son irritation devant<br />

l’arsenal hypocrite de la féminité s’accentue, pour culminer avec l’envie « de vous apprendre ce que c’est le<br />

vrai malheur ». Mais il envisage toute sa démarche en guise d’avertissement et veut donner à sa femme encore<br />

une chance. C’est la raison pour laquelle il se résume à faire seulement une menace, qui exige obligatoirement<br />

un changement d’attitude : « si vous me fatiguez trop souvent de vos précieuses pleurnicheries, je vous<br />

traiterai en femme sauvage, ou je vous jetterai par la fenêtre ». (p. 170) La femme doit comprendre que la<br />

condition d’artiste ne met pas son bien-aimé au niveau de la dupe, prêt à répondre à toutes ses niaiseries.<br />

3. L’Idéal et la réalité<br />

Avec « Laquelle est la vraie ? » on change un peu d’atmosphère et de ton : on retrouve la nature<br />

calme, contemplative du poète qui aime confesser ses expériences. Cette fois-ci, la vie semble l’avoir fait<br />

rencontrer une certaine Bénédicta, qu’il décrit comme incarnation de son idéal féminin : dans sa présence tout<br />

respire un air de grandeur, de beauté et de gloire. Son portrait n’abonde cependant en dentelleries stylistiques<br />

comme autrefois, car le Moi se suffit à souligner : « cette fille était trop belle pour vivre longtemps ». (p. 200)<br />

La mort de « [son] trésor » qui l’a « fait croire à l’immortalité » n’apporte, par cette cause, trop de<br />

tristesse, mais la nécessité de sa préservation intacte « dans une bière d’un bois parfumé et incorruptible<br />

comme les coffres d’Inde ». (p. 200) Alors la réalité éclate dans la vie du poète par l’apparition d’une<br />

doublure de la morte, « hystérique et bizarre », en réclamant la vraie identité de Bénédicta. C’est le moment<br />

où se déclenche la crise, parce que la nouvelle Bénédicta se présente comme la messagère d’un destin<br />

affligeant : « C’est moi, une fameuse canaille ! Et pour la punition de ta folie et de ton aveuglement, tu<br />

m’aimeras telle que je suis ! » (p. 200) Cette présence bouleverse même le lecteur : folie, aveuglement, on ne<br />

trouve pas les raisons de pareilles accusations.<br />

Néanmoins, le cri désespéré du poète, semblable à celui qui veut se réveiller d’un cauchemar (Non !<br />

Non ! Non !), transpose l’histoire dans une lumière différente et dévoile une grande déception. C’est la<br />

rencontre réelle de la femme qui constitue la source de cette amertume, car elle détruit l’idéal de féminité que<br />

le poète s’est créé lors de ses voyages imaginaires. La réaction de celui-ci est celle d’un enfant sous<br />

l’influence d’un choc : incapable de gérer la situation qui le met en difficulté, il la refoule simplement et se<br />

réfugie dans le monde du rêve : « pour mieux accentuer mon refus, j’ai frappé si violemment la terre du pied,<br />

que ma jambe s’est enfoncée jusqu’au genou dans la sépulture récente, et que (…) je reste attaché, (…) à la<br />

fosse de l’idéal. » (p. 200)<br />

4. Le Plaisir et la souffrance<br />

Suivant l’idée des contraires qui se mélangent pour former un tout appelé « femme », un autre poème,<br />

« Le Galant tireur », peint l’être féminin en source de plaisir et de souffrance en même temps. La dualité est<br />

encryptée dans une petite histoire impersonnelle, car on le dit à la troisième personne du singulier, peut-être à<br />

cause d’un besoin de détachement ou simplement pour donner de la variété au registre narratif du recueil.

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