Dimensiuni ale limbajului n context carceral

chronotope dès la première page de l’histoire : « D’ordinaire, Katabolonga était le premier à se lever dans le
palais. (…) Mais ce matin-là il n’était pas le seul. » 1
Le Soleil des Scorta, à part d’être un roman qui décrit la vie d’une famille nombreuse du Sud d’Italie,
est une vraie saga familiale. Ce roman de Laurent Gaudé présente à travers ce fil narratif simple, le parcours
de quatre générations des Scorta qui naissent, accomplissent leur devoir et laissent la place aux suivants. Le
romancier présente en détails la vie quotidienne des personnages, leurs problèmes, mais en même temps aussi
leurs bonheurs. Laurent Gaudé ne fait pas cela seulement pour créer l’effet de réel et pour mettre la
description au service de la narration, mais il désire donner une leçon de vie : voir que l’amour au sein de la
famille est beaucoup plus important que tous les aléas de la vie quotidienne. Caractérisé par une écriture
simple d’où le plaisir de lecture, le roman ne se limite pas à mettre ensemble des personnages dans un
chronotope quelconque et les faire évoluer dans une direction préétablie. Le romancier pense aussi à un but
second, celui de dépasser ce premier niveau de l’écriture pour arriver à la méditation. Lorsque le lecteur
analyse les mots, médite sur les idées, cela signifie qu’il a déjà compris le texte et que peut-être il a envie de
trouver un au-delà de l’écriture.
Dans un autre roman de Laurent Gaudé, La Mort du roi Tsongor, le romancier donne à l’histoire
tragique de la mort du roi Tsongor une allure de vraie épopée. La Mort du roi Tsongor correspond aux traits
de cette espèce narrative tout d’abord à cause du terme clé de la définition, celui de « tradition », justement
l’élément du départ de l’intrigue : le roi Tsongor ne peut pas renoncer à la tradition de marier sa fille à
Kouame, auquel elle a été promise, mais en même temps, il ne peut renoncer non plus au serment de l’enfance
que sa fille avait prêté à Sango Kerim. Entre deux situations impossibles pour lui, le roi trouve la mort comme
la variante la plus adéquate pour garder tout de même ce code moral auquel il tient beaucoup par sa position
hiérarchique.
Le personnage est pour le romancier une partie de lui-même ; reste à savoir selon quelles modalités il
prend forme. On pense toujours que l’écrivain met dans la construction de son personnage tout ce qu’il y a de
meilleur de sa propre vie. Il est difficile de présumer si Laurent Gaudé, à travers son écriture a parsemé des
éléments biographiques dans la vie d’un roi (roi Tsongor) ou d’une vieille femme italienne (Carmela Scorta).
Personne ne peut le savoir, mais il est sûr que la vie de ses personnages comprend comme point de départ la
relation que l’écrivain a eue avec des gens qui l’ont inspiré ; c’est lui-même qui le dit à la fin du roman Le
Soleil des Scorta : « À l’instant d’achever ce livre, mes pensées vont à tous ceux qui, en m’ouvrant les portes
de ces terres, m’ont permis d’écrire. (…) Renato, Franca, Nonna, Miuccia, Zia Sina, Zia Graziella, Domenico,
Carmela, Lino, Mariella, Antonio, Federica, Emilia, Antonio et Angelo. (…) Pour les heures passées à leurs
côtés dans la saveur des jours d’été. » 2
1 Laurent Gaudé, La Mort du roi Tsongor, Paris, Actes Sud, 2002, p.11
1 Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta, Paris, Actes Sud, 2004, p.253