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La Chartreuse de Parme STENDHAL - livrefrance.com

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subir un pathos presque aussi long que le premier: l'archevêque me faisait l'éloge <strong>de</strong>l'enthousiasme <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> Dieu. Maladroit, me disais-je, tu t'égares, tu<strong>com</strong>promets la nomination qui était presque accordée; il fallait couper court et meremercier avec effusion. Point: il continuait son homélie avec une intrépidité ridicule,je cherchais une réponse qui ne fût point trop défavorable au petit <strong>de</strong>l Dongo; je l'aitrouvée, et assez heureuse, <strong>com</strong>me vous allez en juger: Monseigneur, lui ai-je dit, PieVII fut un grand pape et un grand saint; parmi tous les souverains, lui seul osa direnon au tyran qui voyait l'Europe à ses pieds! eh bien! il était susceptibled'enthousiasme, ce qui l'a porté, lorsqu'il était évêque d'Imola, à écrire sa fameusepastorale du citoyen cardinal Chiaramonti en faveur <strong>de</strong> la république cisalpine.Mon pauvre archevêque est resté stupéfait, et, pour achever <strong>de</strong> le stupéfier, je lui aidit d'un air fort sérieux: Adieu, monseigneur, je prendrai vingt-quatre heures pourréfléchir à votre proposition. Le pauvre homme a ajouté quelques supplications assezmal tournées et assez inopportunes après le mot adieu prononcé par moi. Maintenant,<strong>com</strong>te Mosca <strong>de</strong>lla Rovère, je vous charge <strong>de</strong> dire à la duchesse que je ne veux pasretar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> vingt-quatre heures une chose qui peut lui être agréable; asseyez-vous làet écrivez à l'archevêque le billet d'approbation qui termine toute cette affaire. J'aiécrit le billet, il l'a signé, il m'a dit: Portez-le à l'instant même à la duchesse. Voici lebillet, madame, et c'est ce qui m'a donné un prétexte pour avoir le bonheur <strong>de</strong> vousrevoir ce soir.<strong>La</strong> duchesse lut le billet avec ravissement. Pendant le long récit du <strong>com</strong>te, Fabriceavait eu le temps <strong>de</strong> se remettre: il n'eut point l'air étonné <strong>de</strong> cet inci<strong>de</strong>nt, il prit lachose en véritable grand seigneur qui naturellement a toujours cru qu'il avait droit àces avancements extraordinaires, à ces coups <strong>de</strong> fortune qui mettraient un bourgeoishors <strong>de</strong>s gonds; il parla <strong>de</strong> sa reconnaissance, mais en bons termes, et finit par direau <strong>com</strong>te:- Un bon courtisan doit flatter la passion dominante; hier vous témoigniez la crainteque vos ouvriers <strong>de</strong> Sanguigna ne volent les fragments <strong>de</strong> statues antiques qu'ilspourraient découvrir; j'aime beaucoup les fouilles, moi; si vous voulez bien lepermettre, j'irai voir les ouvriers. Demain soir, après les remerciements convenablesau palais et chez l'archevêque, je partirai pour Sanguigna.- Mais <strong>de</strong>vinez-vous, dit la duchesse au <strong>com</strong>te, d'où vient cette passion subite du bonarchevêque pour Fabrice?- Je n'ai pas besoin <strong>de</strong> <strong>de</strong>viner; le grand vicaire dont le frère est capitaine me disaithier: Le père <strong>La</strong>ndriani part <strong>de</strong> ce principe certain, que le titulaire est supérieur aucoadjuteur, et il ne se sent pas <strong>de</strong> joie d'avoir sous ses ordres un <strong>de</strong>l Dongo et <strong>de</strong>l'avoir obligé. Tout ce qui met en lumière la haute naissance <strong>de</strong> Fabrice ajoute à sonbonheur intime: il a un tel homme pour ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp! En second lieu monseigneurFabrice lui a plu, il ne se sent point timi<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant lui; enfin il nourrit <strong>de</strong>puis dix ansune haine bien conditionnée pour l'évêque <strong>de</strong> Plaisance, qui affiche hautement laprétention <strong>de</strong> lui succé<strong>de</strong>r sur le siège <strong>de</strong> <strong>Parme</strong>, et qui <strong>de</strong> plus est fils d'un meunier.C'est dans ce but <strong>de</strong> succession future que l'évêque <strong>de</strong> Plaisance a pris <strong>de</strong>s relationsfort étroites avec la marquise Raversi, et maintenant ces liaisons font tremblerl'archevêque pour le succès <strong>de</strong> son <strong>de</strong>ssein favori, avoir un <strong>de</strong>l Dongo à son étatmajor,et lui donner <strong>de</strong>s ordres.Le surlen<strong>de</strong>main, <strong>de</strong> bonne heure, Fabrice dirigeait les travaux <strong>de</strong> la fouille <strong>de</strong>Sanguigna, vis-à-vis Colorno (c'est le Versailles <strong>de</strong>s princes <strong>de</strong> <strong>Parme</strong>); ces fouilless'étendaient dans la plaine tout près <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> route qui conduit <strong>de</strong> <strong>Parme</strong> au pont105

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