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La Chartreuse de Parme STENDHAL - livrefrance.com

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Évi<strong>de</strong>mment: Gina pense à toi!Il répondit à l'instant par <strong>de</strong>s apparitions successives <strong>de</strong> sa lampe au vasistas par luipratiqué:FABRICE T'AIME!<strong>La</strong> correspondance continua jusqu'au jour. Cette nuit était la cent soixante-treizième<strong>de</strong> sa captivité, et on lui apprit que <strong>de</strong>puis quatre mois on faisait ces signaux toutesles nuits. Mais tout le mon<strong>de</strong> pouvait les voir et les <strong>com</strong>prendre; on <strong>com</strong>mença dèscette première nuit à établir <strong>de</strong>s abréviations: trois apparitions se suivant trèsrapi<strong>de</strong>ment indiquaient la duchesse; quatre, le prince; <strong>de</strong>ux, le <strong>com</strong>te Mosca; <strong>de</strong>uxapparitions rapi<strong>de</strong>s suivies <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lentes voulaient dire évasion. On convint <strong>de</strong> suivreà l'avenir l'ancien alphabet alla Monaca, qui, afin <strong>de</strong> n'être pas <strong>de</strong>viné par <strong>de</strong>sindiscrets, change le numéro ordinaire <strong>de</strong>s lettres, et leur en donne d'arbitraires; A,par exemple, porte le numéro 10; le B, le numéro 3; c'est-à-dire que trois éclipsessuccessives <strong>de</strong> la lampe veulent dire B, dix éclipses successives, l'A, etc.; un momentd'obscurité fait la séparation <strong>de</strong>s mots. On prit ren<strong>de</strong>z-vous pour le len<strong>de</strong>main à uneheure après minuit, et le len<strong>de</strong>main la duchesse vint à cette tour qui était à un quart<strong>de</strong> lieue <strong>de</strong> la ville. Ses yeux se remplirent <strong>de</strong> larmes en voyant les signaux faits parce Fabrice qu'elle avait cru mort si souvent. Elle lui dit elle-même par <strong>de</strong>s apparitions<strong>de</strong> lampe: Je t'aime, bon courage, santé, bon espoir! Exerce tes forces dans tachambre, tu auras besoin <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> tes bras. Je ne l'ai pas vu, se disait laduchesse, <strong>de</strong>puis le concert <strong>de</strong> la Fausta, lorsqu'il parut à la porte <strong>de</strong> mon salon habilléen chasseur. Qui m'eût dit alors le sort qui nous attendait!<strong>La</strong> duchesse fit faire <strong>de</strong>s signaux qui annonçaient à Fabrice que bientôt il serait délivré,GRÂCE À LA BONTÉ DU PRINCE (ces signaux pouvaient être <strong>com</strong>pris); puis elle revintà lui dire <strong>de</strong>s tendresses; elle ne pouvait s'arracher d'auprès <strong>de</strong> lui! Les seulesreprésentations <strong>de</strong> Ludovic, qui, parce qu'il avait été utile à Fabrice, était <strong>de</strong>venu sonfactotum, purent l'engager, lorsque le jour allait déjà paraître, à discontinuer <strong>de</strong>ssignaux qui pouvaient attirer les regards <strong>de</strong> quelque méchant. Cette annonce plusieursfois répétée d'une délivrance prochaine jeta Fabrice dans une profon<strong>de</strong> tristesse:Clélia, la remarquant le len<strong>de</strong>main, <strong>com</strong>mit l'impru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> lui en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la causé.- Je me vois sur le point <strong>de</strong> donner un grave sujet <strong>de</strong> mécontentement à la duchesse.- Et que peut-elle exiger <strong>de</strong> vous que vous lui refusiez? s'écria Clélia transportée <strong>de</strong> lacuriosité la plus vive.- Elle veut que je sorte d'ici, lui répondit-il, et c'est à quoi je ne consentirai jamais.Clélia ne put répondre, elle le regarda et fondit en larmes. S'il eût pu lui adresser laparole <strong>de</strong> près, peut-être alors eût-il obtenu l'aveu <strong>de</strong> sentiments dont l'incertitu<strong>de</strong> leplongeait souvent dans un profond découragement; il sentait vivement que la vie,sans l'amour <strong>de</strong> Clélia, ne pouvait être pour lui qu'une suite <strong>de</strong> chagrins amers oud'ennuis insupportables. Il lui semblait que ce n'était plus la peine <strong>de</strong> vivre pourretrouver ces mêmes bonheurs qui lui semblaient intéressants avant d'avoir connul'amour, et quoique le suici<strong>de</strong> ne soit pas encore à la mo<strong>de</strong> en Italie, il y avait songé<strong>com</strong>me à une ressource, si le <strong>de</strong>stin le séparait <strong>de</strong> Clélia.Le len<strong>de</strong>main il reçut d'elle une fort longue lettre.196

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