La Chartreuse de Parme STENDHAL - livrefrance.com

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prince alla chercher lui-même les deux énormes portefeuilles que Rassi avait déposéssur son bureau; en sortant du grand cabinet de sa mère, il trouva toute la cour quiattendait.- Allez-vous-en, laissez-moi tranquille! s'écria-t-il, d'un ton fort impoli etqu'on ne lui avait jamais vu. Le prince ne voulait pas être aperçu portant lui-même lesdeux portefeuilles, un prince ne doit rien porter. Les courtisans disparurent en un clind'oeil. En repassant le prince ne trouva plus que les valets de chambre qui éteignaientles bougies; il les renvoya avec fureur, ainsi que le pauvre Fontana, aide de camp deservice, qui avait eu la gaucherie de rester, par zèle.- Tout le monde prend à tâche de m'impatienter ce soir, dit-il avec humeur à laduchesse, comme il rentrait dans le cabinet; il lui croyait beaucoup d'esprit et il étaitfurieux de ce qu'elle s'obstinait évidemment à ne pas ouvrir un avis. Elle, de son côté,était résolue à ne rien dire qu'autant qu'on lui demanderait son avis bienexpressément. Il s'écoula encore une grosse demi-heure avant que le prince, qui avaitle sentiment de sa dignité, se déterminât à lui dire: - Mais, madame, vous ne ditesrien.- Je suis ici pour servir la princesse, et oublier bien vite ce qu'on dit devant moi.- Eh bien! madame, dit le prince en rougissant beaucoup, je vous ordonne de medonner votre avis.- On punit les crimes pour empêcher qu'ils ne se renouvellent. Le feu prince a-t-il étéempoisonné? C'est ce qui est fort douteux; a-t-il été empoisonné par les jacobins?c'est ce que Rassi voudrait bien prouver, car alors il devient pour Votre Altesse uninstrument nécessaire à tout jamais. Dans ce cas, Votre Altesse, qui commence sonrègne, peut se promettre bien des soirées comme celle-ci. Vos sujets disentgénéralement, ce qui est de toute vérité, que Votre Altesse a de la bonté dans lecaractère; tant qu'elle n'aura pas fait pendre quelque libéral, elle jouira de cetteréputation, et bien certainement personne ne songera à lui préparer du poison.- Votre conclusion est évidente, s'écria la princesse avec humeur; vous ne voulez pasque l'on punisse les assassins de mon mari!- C'est qu'apparemment, madame, je suis liée à eux par une tendre amitié.La duchesse voyait dans les yeux du prince qu'il la croyait parfaitement d'accord avecsa mère pour lui dicter un plan de conduite. Il y eut entre les deux femmes unesuccession assez rapide d'aigres reparties, à la suite desquelles la duchesse protestaqu'elle ne dirait plus une seule parole, et elle fut fidèle à sa résolution; mais le prince,après une longue discussion avec sa mère, lui ordonna de nouveau de dire son avis.- C'est ce que je jure à Vos Altesses de ne point faire!- Mais c'est un véritable enfantillage! s'écria le prince.- Je vous prie de parler, madame la duchesse, dit la princesse d'un air digne.- C'est ce dont je vous supplie de me dispenser, madame; mais Votre Altesse, ajoutala duchesse en s'adressant au prince, lit parfaitement le français; pour calmer nosesprits agités, voudrait-elle nous lire une fable de La Fontaine?La princesse trouva ce nous fort insolent, mais elle eut l'air à la fois étonné et amusé,quand la grande maîtresse, qui était allée du plus grand sang-froid ouvrir la248
ibliothèque, revint avec un volume des Fables de La Fontaine; elle le feuilletaquelques instants, puis dit au prince, en le lui présentant:Je supplie Votre Altesse de lire toute la fable.LE JARDINIER ET SON SEIGNEURUn amateur de jardinageDemi-bourgeois, demi-manant,Possédait en certain villageUn jardin assez propre, et le clos attenant.Il avait de plant vif fermé cette étendue:Là croissaient à plaisir l'oseille et la laitue,De quoi faire à Margot pour sa fête un bouquet,Peu de jasmin d'Espagne et force serpolet.Cette félicité par un lièvre troubléeFit qu'au seigneur du bourg notre homme se plaignit.Ce maudit animal vient prendre sa gouléeSoir et matin, dit-il, et des pièges se rit;Les pierres, les bâtons y perdent leur crédit:Il est sorcier, je crois. - Sorcier! je l'en défie,Repartit le seigneur: fût-il diable, Miraut,En dépit de ses tours, l'attrapera bientôt.Je vous en déferai, bonhomme, sur ma vie,-Et quand?- Et dès demain, sans tarder plus longtemps.La partie ainsi faite, il vient avec ses gens.-Çà, déjeunons, dit-il: vos poulets sont-ils tendres?L'embarras des chasseurs succède au déjeuner.Chacun s'anime et se prépare;Les trompes et les cors font un tel tintamarreQue le bonhomme est étonné.Le pis fut que l'on mit en piteux équipageLe pauvre potager. Adieu planches, carreaux;Adieu chicorée et poireaux;Adieu de quoi mettre au potage.Le bonhomme disait: Ce sont là jeux de prince.Mais on le laissait dire; et les chiens et les gensFirent plus de dégât en une heure de tempsQue n'en auraient fait en cent ansTous les lièvres de la province.Petits princes, videz vos débats entre vous;De recourir aux rois vous serez de grands fous.Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,Ni les faire entrer sur vos terres.Cette lecture fut suivie d'un long silence. Le prince se promenait dans le cabinet, aprèsêtre allé lui-même remettre le volume à sa place.- Eh bien! madame, dit la princesse, daignerez-vous parler?- Non pas, certes, madame! tant que Son Altesse ne m'aura pas nommée ministre; enparlant ici, je courrais risque de perdre ma place de grande maîtresse.249
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delà du pont de Lodi. Ces semelles
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que les Français passèrent hors d
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souverains légitimes l'état inté
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que si, au moment de s'embarquer, o
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" Je suis, avec un peu de mépris p
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sur un rocher isolé au milieu du l
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- Puisque tu as tant de bonne volon
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mènera. Veux-tu m'en croire? Dès
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- Veux-tu cinq francs de ton cheval
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- Quel maréchal?- Le maréchal Ney
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egards ôtèrent un poids de cent l
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avant de lui. J'allais m'endormir,
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- Toi, essuie la pierre de ton fusi
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enouveler la charge de leurs armes,
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égiment de hussards dont je porte
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chiper tout ce que tu as; et que fe
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egardaient venir et semblaient l'at
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pont, partirent au galop. Dès que
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ouverte, il entra: c'était l'auber
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Cache par tous les moyens possibles
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gendarmes déguisés sautèrent à
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certes ma première visite sera pou
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Cette déclaration, cruellement rai
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- Il faut aller chez le baron Binde
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fit pas d'amis dans la société du
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arrivé à ce poste suprême s'il e
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est son moindre charme: où trouver
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Qui s'est jamais avisé de se récr
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moi quand je lui ai proposé un mar
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Mosca s'était fait ministre des fi
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- Ainsi voilà toutes mes illusions
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L'amour et l'amour-propre de la duc
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- Mais si j'acceptais les hommages
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Altesse s'habillait. Il retourna da
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quand j'ai le bonheur d'aimer, ma m
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ou donner un nombre infini de coups
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question de tuer un innocent, qui,
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duchesse; jamais rien de pareil dan
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dans l'escalier, et, arrivé sur la
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vont me dépister! Je vais monter s
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faire avec ce cheval maigre, il eû
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l'argent, je ne sais pas combien, m
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subir un pathos presque aussi long
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passeports à la Mariettina et à m
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dire, au-dessus de lui-même; à l'
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- Eh bien, mes amis, reprit Fabrice
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- Les garçons du moulin où nous a
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- La loi est claire, ajouta-t-il; i
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Fabrice, au service de Mme la duche
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paysans pour assommer un mauvais co
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nous a rendus témoins du plein ave
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Il avait en exécration de faire le
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Dans le fait je n'ai connu un peu c
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pure vergogne, décampons. Fabrice
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joie éclataient dans ses yeux et s
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Alors elle raconta la scène du jou
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- Je vous engage, ajouta Fabrice,
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Pendant que le prince souriait à c
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- Quelque chose dont vous n'êtes p
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C'était la copie du billet du prin
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jeûne au pain et à l'eau tous les
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général: Clélia s'était blottie
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tirait d'un fort grand embarras...
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onheur que, dans un temps, elle ava
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tour Farnèse. Combien il va m'êtr
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Elle se hâta de parler à son oncl
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sommet des arbres de son jardin, el
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moi nous l'avons remarqué, son esp
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Une fois cette résolution bien arr
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quatre, et, sur un des blancs du pa
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première nuit en prison encore! Je
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oublier le sourire si fin qu'elle a
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