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La Chartreuse de Parme STENDHAL - livrefrance.com

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pont, partirent au galop. Dès que Fabrice eut un moment <strong>de</strong> loisir il tira en l'air soncoup <strong>de</strong> pistolet pour avertir le colonel.Quatre hussards montés et <strong>de</strong>ux à pied, du même régiment que les autres, venaientvers le pont et en étaient encore à <strong>de</strong>ux cents pas lorsque le coup <strong>de</strong> pistolet partit: ilsregardaient fort attentivement ce qui se passait sur le pont, et s'imaginant que Fabriceavait tiré sur leurs camara<strong>de</strong>s, les quatre à cheval fondirent sur lui au galop et lesabre haut; c'était une véritable charge. Le colonel Le Baron, averti par le coup <strong>de</strong>pistolet, ouvrit la porte <strong>de</strong> l'auberge et se précipita sur le pont au moment où leshussards au galop y arrivaient, et il leur intima lui-même l'ordre <strong>de</strong> s'arrêter.- Il n'y a plus <strong>de</strong> colonel ici, s'écria l'un d'eux, et il poussa son cheval. Le colonelexaspéré interrompit la remontrance qu'il leur adressait, et, <strong>de</strong> sa main droite blessée,saisit la rêne <strong>de</strong> ce cheval du côté hors du montoir.- Arrête! mauvais soldat, dit-il au hussard; je te connais, tu es <strong>de</strong> la <strong>com</strong>pagnie ducapitaine Henriet.- Eh bien! que le capitaine lui-même me donne l'ordre! Le capitaine Henriet a été tuéhier, ajouta-t-il en ricanant; et va te faire f...En disant ces paroles il veut forcer le passage et pousse le vieux colonel qui tombeassis sur le pavé du pont. Fabrice, qui était à <strong>de</strong>ux pas plus loin sur le pont, maisfaisant face au côté <strong>de</strong> l'auberge, pousse son cheval, et tandis que le poitrail du cheval<strong>de</strong> l'assaillant jette par terre le colonel qui ne lâche point la rêne hors du montoir,Fabrice, indigné, porte au hussard un coup <strong>de</strong> pointe à fond. Par bonheur le cheval duhussard, se sentant tiré vers la terre par la bri<strong>de</strong> que tenait le colonel, fit unmouvement <strong>de</strong> côté, <strong>de</strong> façon que la longue lame du sabre <strong>de</strong> grosse cavalerie <strong>de</strong>Fabrice glissa le long du gilet du hussard et passa tout entière sous ses yeux. Furieux,le hussard se retourne et lance un coup <strong>de</strong> toutes ses forces, qui coupe la manche <strong>de</strong>Fabrice et entre profondément dans son bras: notre héros tombe.Un <strong>de</strong>s hussards démontés voyant les <strong>de</strong>ux défenseurs du pont par terre , saisit l'àpropos,saute sur le cheval <strong>de</strong> Fabrice et veut s'en emparer en le lançant au galop surle pont.Le maréchal <strong>de</strong>s logis, en accourant <strong>de</strong> l'auberge, avait vu tomber son colonel, et lecroyait gravement blessé. Il court après le cheval <strong>de</strong> Fabrice et plonge la pointe <strong>de</strong> sonsabre dans les reins du voleur; celui-ci tombe. Les hussards, ne voyant plus sur lepont que le maréchal <strong>de</strong>s logis à pied, passent au galop et filent rapi<strong>de</strong>ment. Celui quiétait à pied s'enfuit dans la campagne.Le maréchal <strong>de</strong>s logis s'approcha <strong>de</strong>s blessés. Fabrice s'était déjà relevé, il souffraitpeu, mais perdait beaucoup <strong>de</strong> sang. Le colonel se releva plus lentement; il était toutétourdi <strong>de</strong> sa chute, mais n'avait reçu aucune blessure.- Je ne souffre, dit-il au maréchal <strong>de</strong>s logis, que <strong>de</strong> mon ancienne blessure à la main.Le hussard blessé par le maréchal <strong>de</strong>s logis mourait.- Le diable l'emporte! s'écria le colonel, mais, dit-il au maréchal <strong>de</strong>s logis et aux <strong>de</strong>uxautres cavaliers qui accouraient, songez à ce petit jeune homme que j'ai exposé mal àpropos. Je vais rester au pont moi-même pour tâcher d'arrêter ces enragés. Conduisezle petit jeune homme à l'auberge et pansez son bras; prenez une <strong>de</strong> mes chemises.41

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