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odyssée - Notes du mont Royal

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CHANT V. 95<br />

lui eût donné la présence d'esprit. Sortant la tète hors.<br />

des lots qui se brisaient contre le rivage, il nagea le long<br />

des rochers, les yeux tournés vers la terre, pour chercher<br />

une plage en pente douce et un port tranquille. Mais enfin/<br />

à force de nager, il arriva à l'embouchure d'un fleuve,<br />

qui roulait de belles eaux : l'endroit lui parut excellent,<br />

dégarni de rochers, et abrité contre le vent : il reconnut<br />

l'embouchure d'un fleuve, et lui adressa intérieurement<br />

cette prière : ce Entends-moi, dieu, qui que tu sois; je<br />

viens à toi, que mm vœux ardents appelaient, fuyant,<br />

hors de la mer, les menaces de Neptune. 11 est respectable,<br />

même pour les dieux immortels, l'homme qui les<br />

aborde en fugitif. C'est ainsi qu'en ce moment j'entre<br />

dans ton lit et presse tes genoux, après avoir souffert<br />

' Mea des maux. Mais prends pitié de moi, dieu : je m'honore<br />

d'être ton suppliant. » Il dit; et aussitôt le fleuve<br />

suspendit son cours et retint ses flots; il fit régner le<br />

calme devant Ulysse et le mena sain et sauf jusqu'à son<br />

embouchure. Le'héros cessa de roidir ses genoux et ses<br />

bras vigoureux : car la mer avait épuisé ses forces; il<br />

avait tout le corps enflé : Tonde àmère coulait à flots de<br />

sa bouche et de ses narines; et il demeura sans respiration,<br />

sans voix et presque inanimé : il succombait à une<br />

horrible fatigue. Mais lorsqu'enfin il eut repris haleine et<br />

recouvré ses sens, il détacha le voile de la déesse, et le<br />

jeta dans le fleuve à l'eau salée : une grande vague l'entraîna<br />

dans le courant et le reporta aussitôt aux mains<br />

d'Ino. Ulysse, quittant le fleuve, se cacha dans les joncs :<br />

il baisa la terre nourricière; et, soupirant, il dit en son<br />

cœur magnanime : ce Malheureux que je suis! que faire,<br />

et que vais-je enfin devenir? Si je passe une nuit inquiète<br />

auprès <strong>du</strong> fleuve, je crains que le froid âpre et la tendre<br />

rosée tout ensemble n'achèvent de m'ôter la vie, dans la ^<br />

faiblesse où je suis : froide est la brise qui souffle d'un

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