odyssée - Notes du mont Royal

s m ODYSSÉE.
d'Argus : c'était à lui qu'on offrait les dernières libations,
lorsqu'on songeait à dormir 1 . Le patient et divin Ulysse
traversa le palais, toujours enveloppé du nuage épais que
Minerve avait répandu autour de lui. Arrivé près d'Arété
et du roi Alcinoûs, il embrassa les genoux de la reine, et
aussitôt le nuage divin se dissipa. A l'aspect du héros, le
roi et ses convives, assis dans le palais, demeurèrent sans
vois; et, tandis qu'ils le considéraient avec étonnement,
Ulysse fit entendre cette prière : ce Arété, fille du divin
Rhêxénor, je viens, après de nombreuses souffrances,
embrasser tes genoux et supplier ton époux et tes convives
: puissent les dieux leur accorder une existence
fortunée! puisse chacun d'eux transmettre à ses enfants,
au sein de son palais, ses richesses et le rang que le peuple
lui a donné! Mais hâtez mon départ, pour que je retourne
dans ma patrie : car voilà longtemps que je souffre,
éloigné de mes amis, s
4. Après avoir ainsi parlé, il s'assit près du feu, sur la
cendre du foyer; et tous demeurèrent immobiles et silencieux.
Enfin un vieillard, le héros Échénéus, prit la parole
: c'était Se plus âgé des Phéaciens : il brillait par son
éloquence et par une grande expérience du passé : « Alcinous,
il n'est ni beau ni convenable que cet étranger reste
assis à terre, sur la cendre du foyer : nous sommes là,
attendant que tu parles. Eh bien ! relève cet étranger, et
fais-le asseoir sur un siège, orné de clous d'argent j'ordonne
aux hérauts de mélanger le vin, pour que nous fassions
des libations à Jupiter tonnant, qui accompagne les
respectables suppliants. Que l'intendante serve à l'étranger
les mets qu'elle tient en réserve. » A peine le vénérable
Alcmoûs eut-il entendu ces mots, qu'il prit par la main le
1 On sait que Mercure, avec son caducée, endort ou éveille à son
gré les mortels.