odyssée - Notes du mont Royal

CHANT VII. 113
broyaient sous la meule le blond froment; les autres
étaient assises, tissant la toile ou tournant le fuseau; et
leurs mains s'agitaient comme les feuilles du haut peuplier,
et les étoffes tissues avaient le brillant de l'huile
onctueuse. Autant les Phéaciens sont habiles plus que
tous les hommes à diriger sur la mer un vaisseau rapide,
autant leurs femmes le sont à façonner la toile : car Minerve
leur a donné par excellence et de savoir faire de
beaux ouvrages et de posséder un goût délicat: En dehors
de la cour, non loin des portes, était un vaste jardin de
quatre arpents, enclos des deux côtés par une haie. Là,
poussaient de grands arbres tout verdoyants, poiriers,
grenadiers, pommiers aux beaux fruits, doux figuiers et
oliviers ¥erdoyants. Jamais les fruits de ces arbres ne
disparaissaient ni ^ne manquaient, ni l'hiver, ni l'été,
comme ceux qui ne reviennent qu'une fois l'an; mais le
souffle du zéphirc faisait naître les uns et mûrissait les
autres : à la poire vieillie succédait la poire, à la pomme
la pomme, au raisin Se raisin, à la figue la figue. Là aussi
avait été plantée une vigne féconde : une partie des raisins
y séchaient aux feux du soleil, dans un espace découvert,
tandis que les autres étaient cueillis ou pressurés.
Au fond du jardin, poussaient des légumes de toute espèce,
bien alignés, toujours beaux et brillants. 11 y avait enfin
deux fontaines, dont l'une serpentait à travers le jardin
tout entier, et l'autre jaillissait sous le seuil de la cour,
devant le superbe palais : c'est là que les citoyens venaient
puiser de l'eau. Voilà comment les dieux embellirent de
leurs dons la demeure d'Aicinoûs.
3. Le patient et divin Ulysse s'était arrêté pour contempler
ces merveilles. Quand il eut tout admiré en silence,
il franchit rapidement le seuil pour entrer dans le
palais. 11 trouva les chefs et les gouverneurs des Phéaciens,
qui faisaient des libations au clairvoyant meurtrier
10.