odyssée - Notes du mont Royal

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avec laquelle j'avais bouché leurs oreilles, et me débarrassèrent
de mes liens.
4. Nous n'eûmes pas plutôt quitté l'île, que je vis de
la fumé'e, de grandes vagues, et que j'entendis un brait
sourd. Mes compagnons effrayés laissèrent les rames
glisser de leurs mains : elles tombèrent toutes en retentissant
dans les flots, et le vaisseau resta en place, puisqu'ils
ne poussaient plus les longues rames avec leurs
mains. Pour moi, parcourant le navire, j'encourageais mes
compagnons par de douces paroles, en m'arrêtant auprès
de chaque homme : t Amis, ce n'est pas d'aujourd'hui
que nous connaissons lé malheur. Certes, nous ne courons
pas un aussi grand danger que le jour où le Cyclope
nous tenait enfermés dans sa grotte profonde par l'effet
de sa force redoutable. Cependant nous nous sommes
tirés de là, grâce à ma valeur, à ma prudence, à mon
adresse : et. je suppose que vous vous en souviendrez
quelque-peu. Maintenant donc, obéissez tous à ce que
je vais dire. Vous, assis sur les bancs, frappez avec les
rames les brisants profonds de la mer; peut-être Jupiter
nous permettra-t-il d'échapper cette fois du moins à la
mort. Toi, pilote, je t'ordonne (grave mes paroles dans
ton cœur, puisque tu manies le gouvernail du vaisseau
creux) de rester à distance de cette fumée et de ces vagues:
vise à Técueil, de peur que le navire ne s'élance là-bas,
malgré toi, et que tu ne nous jettes dans le- malheur, i
Je dis; et ils obéirent promptement à mes ordres. Je ne
leur parlai pas du tout de Scylla, ce fléau inévitable : je
craignais que mes compagnons, saisis de crainte, ne cessassent
de ramer pour se lilottir au fond du vaisseau. Et
alors j'oubliai une pénible recommandation de Circé :
car-elle m'avait ordonné de ne pas m'armer.. Or, ayant
revêtu mes belles armes, je pris en main deux longues
javelines et je montai sur le tillac, à la proue du navire :