odyssée - Notes du mont Royal

208 ODYSSÉE.
vous reviendrez sans aucun doute à Ithaque, quelques
maux que vous ayez soufferts; mais, si tu y touches, alors
je te prédis la perte de ton vaisseau et de tes compagnons;
toi-même, en supposant que tu échappes, tu reviendras
lard et misérablement, après avoir vu périr tous tes compagnons.
»
3. Elle dit; et bientôt parut l'Aurore-au trône d'or. La
noble déesse s'éloigna en traversant l'île; et moi, regagnant
mon vaisseau, j'invitai mes compagnons à s'embarquer
et à détacher les amarres. Ils s'embarquèrent aussitôt,
et prirent place sur les bancs : [assis en ordre, ils
frappèrent avec les rames la mer blanche d'écume.] Derrière
le navire, à la proue azurée, souffla un vent favorable
qui gonfla les voiles : c'était un fidèle compagnon que
nous envoyait Circé, aux belles tresses, divinifê redoutable,
à la voix-articulée. Aussitôt que nous eûmes disposé
tous les agrès dmiavire, nous nous assîmes, laissant
le vent et le pilote nous conduire. Alors, quoique accablé
de douleur, j'adressai la parole à mes compagnons:
ci Amis, il ne convient pas que nous soyons un ou deux
seulement à connaître les oracles que m'a dévoilés Circé,
noble entre les déesses : aussi vous les dirai-je, afin qu'instruits
de la vérité nous mourions, ou nous nous dérobions
à la mort et échappions à la destinée. Elle nous conseille
d'abord de fuir le chant cks divines Sirènes et leur pré
fleuri : seul, elle m'engage à écouter leur voix; mais vous
m'enchaînerez debout au pied du mât avec un lien solide
(pour que je reste là sans bouger), et dont les extrémités
seront attachées au mât. Si je vous supplie et vous ordonne
de me détacher, alors vous me chargerez de liens
plus nombreux encore. » Pendant que je parlais à mes
compagnons et les instruisais de tout, notre solide navire
atteignit promptement file des Sirènes : car un vent propice
le poussait. Bientôt après le vent tomba, l'air devint '