odyssée - Notes du mont Royal

406 ODYSSÉE.
amenant les âmes des prétendants tombés sous le bras
d'Ulysse. Tous deux, frappés i'étonnement, allèrent droit
à eux, quand ils les virent. L'âme d'Agamemnon, fils
d'Atrée, reconnut le fils chéri de Mélanée, l'illustre Amphimédon
qui était son hôte, quoiqu'il eût sa demeurée
Ithaque. L'âme du fils d'Atrée fut la première à lui parler
: ce Àmphhfiédon, quel accident vous a plongés dans
le sein ténébreux de la terre, vous tous hommes d'élite et
de même âge? Aussi bien ne pourrait-on choisir dans une
seule ville et rassembler tant de héros distingués. Est-ce
Neptune qui vous a fait périr sur vos vaisseaux, en soulevant
les vents impétueux et les vagues amoncelées? ou
des ennemis vous ont-ils tués, alors que vous ravissiez
leurs bœufs et leurs beaux troupeaux de brebis? ou bien
combattiez-vous pour prendre leur viEe et leurs femmes!
Béponds à mes questions : car je me glorifie d'être ton
hôte. Ne te souvient-il pas, en effet, que je vins là-bas,
dans votre demeure, accompagné de Ménèlas, semblable
aux dieux, pour engager Ulysse à nous suivre à Ilion sur
des navires, garnis de bons rameurs. Nous mimes un mois
entier à traverser la vaste mer, ayant eu peine à persuader
Ulysse, destructeur de cités.» L'âme d'Amphimédon
lui répondit : € [Glorieux fils d'Atrée, Agamemnon, roi
des guerriers,] je me rappelle tout ce que tu dis? ô nourrisson
de Jupiter : et je vais te raconter sincèrement et en
détail comment fut consommé notre funeste trépas. Nous
recherchions l'épouse d'Ulysse, absent depuis longtemps :
elle ne repoussait ni n'accomplissait un hymen odieux,
nous préparante mort et la sombre Parque. Sur un métier
dressé dans le palais, elle se mit à tisser un voile fin et
démesurément grand, et aussitôt elle nous dit : « Jeunes
ce gens, qui prétendez à ma main, puisque le divin Ulysse
« est mort, attendez, au lieu de presser le-moment de mon
ce hymen, que j'aie terminé ce voile funèbre, destiné au