odyssée - Notes du mont Royal

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la poitrine : il délibéra longtemps en lui-même et dans sa
pensée s'il s'élancerait sur elles et leur donnerait la
mort à chacune, ou bien s'il les laisserait une fois encore,
mais pour la dernière fois, s'unir d'amour aux insolents
prétendants. Son cœur rugissait au-dedans de loi.
Comme une lice, marchant autour de ses petits, encore
faibles, aboie contre un homme qu'elle ne connaît pas,
et brûle de combattre : de même Ulysse, indigné de ces
forfaits, rugissait intérieurement. Mais, se frappant la
poitrine, il gourmanda son cœur en ces termes : « Patience,
mon cœur! tu as supporté quelque chose déplus
pénible encore, le jour où le Cyclope, à la force indomptable,
dévorait mes vaillants compagnons; mais tu te
résignas, jusqu'à ce que ton adresse t'eût fait sortir de la
caverne où je croyais trouver la mort. » C'est ainsi qu'Ulysse
gourmanda son cœur dans sa poitrine; et son cœur
demeura toujours calme et résigné ; mais lui, se retournait
en tous sens. Comme un homme tourne et retourne
sur un feu vif et ardent un ventre de chèvre, rempli de
graisse et de sang, et est impatient de le voir au plus tôt
rôti : de môme le héros se retournait en tous sens, songeant
comment il appesantirait son bras^ sur les prétendants
effrontés et lutterait seul contre tant d'ennemis.
Minerve descendit du ciel et s'approcha de lui sous la
figure d'une femme ; et, s'arrêtant au-dessus de sa tête,
elle lui dit ces mots : ce Pourquoi veilles-tu encore, ô le
plus infortuné de tous les hommes? Cette maison est la
tienne; et dans cette maison est ta femme, et un fils tel
que chacun souhaiterait d'en avoir un qui lui ressemblât,
s L'ingénieux Ulysse, prenant la parole à son tour,
lui répondit : € Tout ce que tu dis-là, déesse, est juste
assurément; mais je songe en moi-même et dans mon
esprit comment j'appesantirai mon bras sur ces prétendants
effrontés : je suis seul, et ils sont toujours en grand