odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XXII. 383
aller s'asseoir à Faute! arlislement façonné du grand Jupiter,
protecteur des maisons l ,sur lequel Laerte et Ulysse
brûlaient jadis tant de cuisses de bœufs; ou bien implorerait-il
Ulysse en tombant à ses genoux. Le parti qui lui
sembla le meilleur, après réflexion, fut d embrassée les genoux
d f Ulysse,fils de Laerte. 11 déposa donc à terre sa lyre
sonore, entre le cratère et son siège aux clous d'argent; •
puis, s'élançant au-de¥ant d'Ulysse, il lui saisit les genoux,
et, d'une voix suppliante, lui adressa ces paroles
ailées : ce J'embrasse tes genoux, Ulysse : épargne-moi,
par pitié. Tu te préparerais à toi-même des regrets, si tu
immolais un aède qui chante, comme je fais, pour les
dieux et pour les hommes. D'ailleurs, je n'eus de maître
qoe moi f : et c'est un dieu qui a mis en mon âme des
chants de toute sorte. Je suis en état de chanter en ton
honneur, comme en l'honneur d'un dieu. Ne sois donc
pas impatient de me tuer. Et puis, Télémaque, ton fils
chéri, peut te le dire : si je venais dans ta maison chanter
pour les prétendants, au milieu des festins, ce n'était ni
volontairement ni par indigence; mais plus nombreux et
plus forts que moi, ils m'amenaient par contrainte. » Il
dit ; et le divin Télémaque l'entendit, et aussitôt il adressa
•la parole à Ulysse, placé près de lui : a Arrête, et ne
blesse point cet innocent avec l'airain. Sauvons aussi le
héros Médon, qui a toujours eu soin de'moi dans notre
maison* pendant mon enfance, à moins toutefois que Philétius
ou le porcher ne l'aient déjà tué, ou que tu ne
Taies trouvé sur ton passage, quand tu te précipitais à
travers la salle. » 11 dit; et Médon, animé de sages pen-
1 Jupiter, eomme dieu protecteur de la maison, avait son autel
dans le vestibule ou avant-cour. — * Pindare (II* olympique) il il
de même i « Celui-là est savant à qui la nature a beaucoup appris;
ceux que l'étude a formés poussent d'inutiles et violentes clameurs,
comme le corbeau contre 1 oiseau divin de Jupiter.